« Vengeance sauce piquante », de Sally Andrew (Une enquête de Tannie Maria volume 2)

Présentation de l’œuvre

Titre : Vengeance sauce piquanteUne enquête de Tannie Maria

Autrice : Sally Andrew

Éditeur : Flammarion

Parution : 25/10/2017

Statut : Il s’agit du deuxième volume sur trois d’une série policière autour du personnage de Tannie Maria. Le premier tome, intitulé Recettes d’amour et de meurtre, est paru chez Flammarion en juin 2017 et le troisième, Death on the Limpopo, n’est pas encore traduit en français.

EAN/ISBN : 9782081376106

Résumé : « Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vouloir quelque chose très fort ? À trop courir après, vous risquez de tomber sur autre chose que vous n’attendiez pas. C’est peut-être parce que j’avais trop faim d’amour que je me suis retrouvée avec un meurtre au menu. » Tannie Maria, chroniqueuse pour la rubrique « Recettes et conseils amoureux » de la gazette de son petit village situé dans la réserve du Karoo en Afrique du Sud, traverse une mauvaise passe. En plus du souvenir de son défunt mari violent qui la hante, le leader charismatique des Bushmen tombe raide mort sous ses yeux, empoisonné par une sauce à la ciguë après avoir gagné un combat juridique contre les Blancs d’Afrique du sud. Avec l’aide de son amie et collègue Jessie, et celle un peu forcée du séduisant inspecteur Henk Kannemeyer, elle se lance dans l’enquête pour retrouver le coupable, quitte à mettre les pieds dans le plat.

Qu’est-ce qui t’a amenée à lire Vengeance sauce piquante?

C’est en flânant dans les rayonnages de la médiathèque de ma ville que je suis tombée sur ce roman qui m’a séduite pour plusieurs raisons. D’abord, sa couverture, que je trouvais originale et amusante : mêler cuisine et meurtre, ce n’est quand même pas banal! Ensuite, le cadre de l’enquête qui se déroule en Afrique du Sud, pays très peu représenté dans la masse de livres qui garnissent les rayonnages des bibliothèques et les étals des librairies. J’avais l’assurance d’un dépaysement complet vers un pays que je connais seulement à travers quelques noms : Nelson Mandela, apartheid, Neill Blomkamp, Oscar Pistorius, Johannesbourg, Charlize Theron, afrikaners. Autant dire que je ne sais rien de ce pays et de sa culture! Enfin, je n’avais jamais entendu parler de ce roman et de la saga Tannie Maria et je ne connaissais pas l’autrice non plus. Emprunter Vengeance sauce piquante me permettait donc de découvrir une nouvelle autrice et une nouvelle saga policière.

Une couverture originale et colorée pour un cosy mystery dont je n’avais jamais entendu parler, écrit par une autrice que je ne connaissais pas et se déroulant dans un pays peu représenté sur lequel je sais très peu de choses : bingo, c’est gagné!

Un style d’écriture particulier

La première chose qui m’a surprise dans ma lecture de Vengeance sauce piquante est la présence de nombreux termes afrikaners qui ne sont pas traduits. Écrits en italique dans le texte, ils sont en particulier omniprésents dans les premières pages du roman, ce qui m’a beaucoup perturbée au point que j’ai envisagé d’arrêter ma lecture. En effet, ces termes permettent de décrire le cadre de vie de Tannie Maria, qui vit dans une jolie maison située en plein Klein Karoo en Afrique du Sud. Beaucoup d’entre eux décrivent des éléments précis du paysage, de la maison ou encore de la cuisine locale, ce qui a provoqué chez moi une certaine frustration car du fait que je ne lis pas et ne parle pas l’afrikaners ou une langue approchante, les passages truffés de mots dans cette langue me sont restés incompréhensibles.

Heureusement, ce travers ne dure pas trop longtemps et l’autrice revient à un langage plus abordable qu’elle ponctue ça et là d’afrikaners mais pas au point que le sens soit impénétrable, comme au début du livre.

L’autre point important à souligner concernant le style est la présence des lettres que Tannie reçoit de la part des lecteurs de son journal et auxquels elle répond dans sa rubrique. Lettres et réponses figurent dans le roman, servant au choix de prétexte à explorer encore davantage la psyché de Tannie ou de respiration dans l’enquête. Je penche personnellement pour la première option, l’enquête n’occupant qu’une place accessoire comme vous le lirez plus loin.

Enfin, toutes les recettes mentionnées dans le roman figurent à la fin du livre, avec les quantités pour 6 personnes de mémoire. L’autrice nous invite ainsi à compenser la faim que peut provoquer la lecture de son roman (qui doit absolument être lu le ventre plein) en nous proposant de réaliser nous-mêmes le fameux gâteau Vénus qui a l’air d’être une tuerie, entre autres recettes!

Des personnages attachants mais sous exploités.

S’il y a bien un élément positif dans ce roman, ce sont les personnages qui sont hauts en couleur et attachants! Que ce soit Tannie Maria, son amant Henk, ses collègues Jessie et Hattie et tous les autres, ils ont en commun d’être très caractérisés.

Tannie est l’archétype de la victime de violences conjugales qui essaie de se reconstruire mais ne se laisse pas non plus définir par cela. Elle est forte malgré les apparences et parvient à cacher ses lourds secrets à son entourage, du moins jusqu’à un certain point. Elle accepte également l’aide qui lui est proposée par le garagiste-psychologue-chamane, comprenant qu’avouer sa faute (le meurtre de son mari) lui permettra de se libérer et de pouvoir aller de l’avant à la fois avec Henk et pour elle-même. Il est juste dommage que son obsession pour la nourriture soit aussi présente, mais c’est bien là le signe que l’autrice réussit à nous faire entrer dans le cerveau de Tannie!

Henk de son côté est très, voire trop protecteur envers elle, ce qu’elle a un peu de mal à accepter avant de comprendre qu’il a peur de la perdre comme il a perdu sa première femme et comme cela a failli se produire dans le premier tome. Il lui interdit de s’occuper de l’enquête mais finit par réaliser qu’elle y est mêlée malgré elle et que ses connaissances culinaires peuvent vraiment aider à résoudre le meurtre du leader des Bushmen. C’est un homme doux et compréhensif, l’exact contraire du précédent mari de Tannie semble-t-il. Ce côté trop lisse a fini par me déranger car il correspond vraiment à l’homme parfait!

Leur relation amoureuse est bien développée mais marquée par les complications psychologiques liées au blocage de Tannie concernant les violences perpétrées par son mari décédé. Ils arrivent à trouver un équilibre même si tout n’est pas rose non plus.

Enfin, les collègues de Tannie, Jessie la journaliste rebelle et Hattie la rédactrice en chef tirée à quatre épingles, apportent un peu de dynamisme dans le récit. Sans elles, et surtout sans Jessie, l’action et l’enquête n’avanceraient pas très vite. Une galerie de personnages complémentaires a été créée et certains ressortent, notamment quelques membres du groupe de parole comme Fatima (si je me souviens bien de son prénom) et la grecque dont j’ai pour le coup oublié le nom, mais ils sont pour beaucoup sous-exploités, ce qui est dommage.

Une enquête qui passe au second plan

Le meurtre sur lequel enquêtent Tannie et Henk est celui du leader charismatique des Bushmen, un peuple autochtone d’Afrique australe qui a été spolié de ses terres lors de la colonisation. Dans le roman, les Bushmen viennent de remporter un combat juridique face aux grandes entreprises blanches d’Afrique du sud : ils ont récupéré leurs terres ancestrales, ce qui ne satisfait pas forcément les dites entreprises. Le leader de ces Bushmen, dont j’ai complètement oublié le nom (encore un autre!), est empoisonné par une sauce trafiquée qu’il ingère lors d’un festival auquel assiste Tannie Maria et lors duquel elle lui est présentée.

Le contexte politique pourtant très intéressant est cependant relégué au second, voir à l’arrière plan car toute l’attention de l’autrice est concentrée sur la dimension psychologique du personnage de Tannie. Ses angoisses, compensées par ses fringales permanentes et son obsession pour la cuisine, viennent directement des évènements qui se sont déroulées dans le premier tome, Recettes d’amour et de meurtre, qui déjà semble être bien porté sur la cuisine.

Le problème ici est que la résolution de l’intrigue vient comme si l’autrice s’était subitement rappelée qu’elle avait une enquête à boucler. Tannie s’y retrouve ainsi mêlée malgré elle car le groupe de parole auquel elle a décidé de participer pour tenter d’évacuer ses peurs devient l’épicentre de la résolution de l’enquête. Sally Andrew place donc dans ce groupe le coupable du meurtre de l’enquête d’origine, relié au meurtre de l’un des membres du groupe, ce qui est certes pratique mais assez biscornu. Elle ajoute à cela une « enquête secondaire » menée par Jessie avec l’homme aux lapins dont je n’ai pas compris l’intérêt, à part apporter une note écologiste dans le roman, et des touches de surnaturel qui peuvent surprendre même si elles sont bien amenées. Le tout donne une sensation de fouillis qui ne m’a pas vraiment convaincue.

En clair, si vous recherchez une enquête policière haletante ou un cosy mystery détente, passez votre chemin. Vengeance sauce piquante n’est ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre. C’est plus une analyse psychologique de l’héroïne, victime de violences conjugales et témoin (ou responsable?) du meurtre de son précédent mari, le tout servi avec d’innombrables recettes de cuisine permettant de distraire notre attention, tout comme celle de Tannie à laquelle nous nous identifions mieux.

Mon avis sur Vengeance sauce piquante

Le problème principal que j’ai rencontré sur cette lecture est que je n’avais pas lu le premier tome, qui est nécessaire pour comprendre les flash-backs de Tannie concernant son mari décédé. Toute la psychologie de Tannie est déterminée par ce qu’il se passe dans Recettes d’amour et de meurtre et clairement, cette lecture m’a manquée pour pleinement apprécier Vengeance sauce piquante. Il est possible de deviner certains évènements mais pas tout malheureusement.

Par ailleurs, j’ai eu du mal dans les premières pages avec les nombreux termes afrikaners qui figurent en italique mais ne sont pas traduits. Certes, cela permet de se plonger dans l’ambiance directement mais lorsque l’on a vraiment aucune idée de ce que la plupart de ces mots signifient, il faut arriver à faire abstraction de ce vocabulaire et accepter qu’on ne comprendra pas toutes les descriptions. Heureusement, la quantité de mots afrikaners baisse drastiquement dans la suite du roman, ce qui permet de comprendre l’action sans difficultés.

Enfin, je dois bien avouer que l’omniprésence de la nourriture et des questions culinaires dans les réflexions de Tannie a fini par m’ennuyer puis m’agacer. Elle passe son temps à manger, à penser à des idées de plats, à cuisiner et même son travail consiste à donner des conseils amoureux assortis d’une recette adaptée! Certes, ses recettes sont à tomber par terre, notamment le fameux gâteau Vénus que j’aimerais bien goûter un jour, et sont fournies à la fin du roman. Il est aussi clair qu’elle compense l’angoisse liée à ce qu’il s’est passé dans le premier tome par la nourriture mais que ce point soit constamment présent dans le roman est au final presque aussi lourd que les plats que Tannie cuisine. Enfin, un élément m’a dérangée dans les conséquences de ce travers : la visite de Tannie chez une nutritionniste qui la juge sur son poids et lui prescrit un régime sans s’interroger sur les causes de ses fringales. Le fait que ce jugement vienne d’une femme mince qui complexe Tannie de surcroît m’a dérangée, d’autant que le médecin homme qu’elle consulte plus tard dans le roman aura un avis bien plus nuancé et respectueux, arguant qu’elle est assez raisonnable et intelligente pour savoir que ses angoisses ne seront probablement pas résolues par un régime.

Pour résumer, Vengeance sauce piquante est un roman qui m’a surprise mais pas que dans le bon sens du terme. J’ai apprécié le cadre dépaysant, les personnages sont attachants mais il faudrait vraiment que je lise le premier tome pour voir si mon avis très mitigé pourrait évoluer vers quelque chose de plus positif. Il y aura de toute façon clairement pour moi le problème rédhibitoire de l’enquête policière reléguée au rang de prétexte à l’exploration du personnage de Tannie. C’est donc une lecture sympathique mais sans plus.

« Jane Eyre », de Charlotte Brönté

Présentation de l’œuvre

Titre: Jane Eyre

Autrice: Charlotte Brontë (traduction et préface par Henriette Guex-Rolle)

Éditeur: Éditions Rencontre Lausanne

Parution: 1960

Nombre de pages: 377

Résumé: Orpheline, Jane Eyre est recueillie à contrecœur par une tante qui la traite durement et dont les enfants rudoient leur cousine. Placée en pension, elle y reste jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Elle devient alors gouvernante pour le noble M. Rochester, dont elle tombe bientôt amoureuse. Mais la vie de cet homme ombrageux est entourée de tragique et de mystère et Jane tient à son indépendance.
Ce roman autobiographique est le chef-d’œuvre de Charlotte Brontë, qui tient une place à part dans la production féminine du XIXème siècle. Elle nous livre en effet un portrait de femme forte qui s’affranchit des contraintes et trouve l’amour et son égal après d’âpres luttes, le tout écrit avec une plume intemporelle et passionnée qui fascine toujours les lectrices et lecteurs du monde entier.

Qu’est-ce qui t’a poussée à lire « Jane Eyre » ?

Tout est parti d’une lecture commune organisée par Charlène du compte Instagram @des.livres.et.des.gens.heureux. Elle a proposé en décembre 2021 de lire Le journal de M.Darcy d’Amanda Granger qui a très vite débouché sur la lecture/relecture d’Orgueil et préjugés et de fil en aiguille, l’idée a germé de relire des classiques sur 2022, ce qui correspondait à l’une de mes envies pour cette nouvelle année. Jane Eyre est assez rapidement venu sur le tapis et a été choisi pour le mois de janvier. Comme je connaissais déjà l’histoire et que j’avais le roman chez moi, j’ai foncé!

Mais me direz-vous, « comment connaissais-tu l’histoire si tu n’avais pas lu le roman »? Il faut savoir que ma découverte de Jane Eyre est assez atypique!

J’ai en effet découvert le roman de Charlotte Brontë en premier lieu par l’adaptation cinématographique qu’en a faite Franco Zeffirelli avec Charlotte Gainsbourg et William Hurt qui sont pour moi les incarnations parfaites de Jane Eyre et Edward Rochester. Est-il bien utile alors de vous préciser que j’ai adoré ce film et le personnage de Jane elle-même à laquelle je me suis tout de suite identifiée? La présence du DVD sur la photographie en témoigne. Son indépendance d’esprit, son calme, sa répartie, sa passion maîtrisée, tout m’a plu chez elle. Mais curieusement, je n’ai jamais cherché à me procurer le roman ou à le lire à l’époque. Ce n’est que bien plus tard et complètement par hasard que je suis tombée chez ma libraire d’occasion, Christine d’Expression Livres, sur le bel exemplaire des Éditions Rencontre Lausanne que vous voyez en photo. Je n’ai pas hésité une seule seconde à l’acheter avec Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë que Christine possédait aussi dans la même édition. Je me suis dit à l’époque que ce serait de beaux livres à avoir et que l’occasion se présenterait bien un jour de les lire.

J’avais entre temps occupé plusieurs postes de professeure documentaliste qui m’ont permis de m’initier à la lecture de mangas, les adolescents en étant friands, et d’y prendre goût moi aussi. Sur les conseils d’une collègue et amie, j’ai découvert les éditions Nobi Nobi qui adaptent en mangas les grands classiques de la littérature. J’ai ainsi un jour trouvé l’adaptation de Jane Eyre dans les rayonnages de ma librairie : je l’ai acheté et lu tout de suite. J’ai donc vu le film et lu le manga avant de lire le roman!

Un groupe de lecture, plusieurs versions du roman

L’un des avantages des lectures communes de classiques comme celui de Charlotte Brontë est que, lorsqu’il n’y a pas d’édition commune imposée, on découvre la variété des éditions existantes en circulation et ornant les rayonnages des bibliothèques. Nous étions nombreuses à participer à cette lecture commune, environ une vingtaine de mémoire, et nous avions quasiment toutes des éditions différentes, la mienne étant une des plus anciennes.

Il semble toutefois que j’ai été une des rares à avoir une version aussi courte du roman. Les versions de mes compagnes de lecture comportaient au minimum le double de pages par rapport à la mienne et beaucoup d’entre elles ont trouvé la lecture pénible. Je pense donc avoir une traduction simplifiée et écourtée du roman, ce qui ne serait pas étonnant au vu de l’année de publication (1963). A cette époque en effet, les éditeurs se souciaient moins de coller au plus près du texte original, comme cela peut être le cas aujourd’hui. Je songe donc à me procurer la version originale en anglais de Jane Eyre, dans une jolie édition, afin de pouvoir comparer les récits et voir si la version d’origine correspond bien à mon ressenti de lecture sur la traduction française d’Henriette Guex-Rolle.

Un roman qui n’a pas pris une ride.

Une chose est sûre : j’ai dévoré mon exemplaire de Jane Eyre en quelques heures à peine et le « faible » nombre de pages n’est pas en cause! En effet, l’écriture, les personnages, les situations, tout peut être transposé de nos jours sans souffrir d’un manque de modernité. Le style de Charlotte Brontë est à mes yeux équivalent à celui de Jane Austen, l’ironie en moins cependant. Ces deux autrices anglaises du XIXè siècle ont en effet chacune une plume très dynamique, avec des phrases simples mais parfaitement ciselées pour peindre un paysage ou animer un personnage en quelques mots. Pas de lourdeur ou de formules alambiquées pour décrire les tourments de l’amour, pas de pathos exagéré pour bien montrer que Jane est une pauvre orpheline que la vie n’épargne pas. Charlotte Brontë préfère montrer tout cela simplement, à travers quelques épisodes structurants bien choisis et sans jamais en faire trop. Les quelques scènes de harcèlement par son cousin au début du roman sont en nombre juste suffisant pour que l’injustice que subit Jane soit montrée sans exagération, et le même procédé est répété tout au long du roman. Cette apparente simplicité associée à une justesse de ton présente dans tout le récit permettent une lecture fluide et agréable, malgré la lourdeur de l’histoire racontée et l’ambiance pesante qui règne sur Thornfield, le manoir de Rochester où Jane exerce comme gouvernante.

Des personnages et un couple modernes

Au vu des épreuves qu’elle traverse durant son enfance et sa prime jeunesse (la mort de ses parents, une tante et des cousins qui la détestent, un pensionnat insalubre où sa meilleure amie trouve la mort), Jane aurait pu être un personnage colérique et rebelle à toute forme d’autorité ou au contraire geignard et fataliste. Or, ce n’est pas le cas. Charlotte Brontë nous montre bien que Jane passe par l’étape de la colère lorsqu’elle est envoyée au pensionnat par sa tante et déclare à celle-ci qu’elle ne l’aime pas, ou encore lorsque le pasteur de Lowood l’humilie et la punit devant toutes ses camarades et enseignantes en la présentant comme une mauvaise personne. Cependant, Jane finit par comprendre, au contact de son amie Helen Burns puis de son enseignante Miss Temple, que la colère n’est pas utile et ne permet pas d’avancer. Elle garde toutefois un fonds de rébellion qui transparaît dans sa grande indépendance à la fois d’esprit et de style de vie, trait de personnalité qui m’a tout de suite plu chez elle. En effet, pas question pour Jane de trouver un mari dont elle dépendra pour vivre. Elle préfère travailler comme institutrice pour subvenir à ses besoins. De même, elle est lucide sur son statut de gouvernante pauvre, ce qui lui permet de garder les pieds sur terre lorsqu’Edward Rochester commence à montrer des signes d’attachement envers elle. Elle est également franche, honnête et a une grande force morale qui, malgré sa jeunesse et sa relative ignorance de la vie (elle a 18 ans lorsqu’elle est recrutée pour travailler à Thornfield), lui permet de résister aux supplications de Rochester lorsque celui-ci lui demande de rester après la révélation de l’existence de sa femme. Enfin, sa nature généreuse s’exprime pleinement lorsqu’elle découvre que les Rivers, qui l’accueillent après sa fuite de Thornfield, sont en réalité ses cousins et qu’elle a hérité de son oncle une somme confortable. Elle choisit de partager son héritage avec eux car la famille a plus d’importance à ses yeux que la richesse.

Edward Rochester, de son côté, est le second fils d’une famille noble. D’un caractère ombrageux, il séjourne peu à Thornfield, manoir dont il a hérité à la mort de son père et de son frère aîné. Il a une vingtaine d’années de plus que Jane lorsqu’ils se rencontrent et est le tuteur d’une petite fille, Adèle, pour l’éducation de laquelle Jane est engagée. Ce personnage au départ assez mystérieux finit par se dévoiler par petites touches, au fur et à mesure de ses interactions avec Jane qu’il provoque lui-même, celle-ci étant parfaitement consciente des limites de son rôle de gouvernante. Rochester passe ainsi par Adèle pour justifier leur première conversation, interrogeant Jane sur les progrès réalisés par l’enfant et en profitant pour la questionner sur son parcours. Son attitude vis-à-vis de Jane, que ce soit en tant qu’homme ou maître de maison au XIXème siècle, est assez ouverte d’esprit pour l’époque puisqu’il lui demande son avis sur de nombreux sujets, lui confie beaucoup d’évènements douloureux de sa vie passée, a en elle une confiance absolue, accepte qu’elle s’absente pour aller voir sa tante mourante et tient à ce qu’elle soit présente lors des soirées qu’il donne, même si le motif n’est pas très louable. Son plus grand tort est d’avoir caché son statut marital et d’avoir essayé de passer outre sans en avertir Jane elle-même. Il expie cette faute dans la douleur en perdant d’abord Jane qui refuse de devenir sa maîtresse, puis la vue, une main et son domaine dans l’incendie provoqué par sa femme elle-même, qui mourra à ce moment-là. Cette souffrance le met sur un pied d’égalité avec Jane, faisant à mes yeux de ce couple l’un des plus équilibrés qui soient dans la littérature.

Une relation toxique ? …

J’ai vu passer une courte vidéo selon laquelle la relation entre Rochester et Jane était toxique car il l’abandonnait sans lui dire où il allait (lorsqu’il est parti chercher la bonne société autour de Thornfield pour tenir réception), provoquait ensuite ses sentiments (donc la manipulait) pour qu’elle l’aime en retour et lui mentait sur un point crucial de sa vie, à savoir le fait qu’il est déjà marié. Personnellement, je n’adhère pas à cette vision qui réduit la portée du personnage de Jane, bien plus indépendante qu’il n’y paraît comme vu plus haut, et surtout néglige totalement le contexte de l’époque où se déroule cette romance.

En effet, au XIXè siècle, l’importance des classes sociales et de la fortune n’est pas à négliger, à la fois dans la façon de se tenir en société et dans la « fabrication » des couples, si je peux m’exprimer ainsi. On oublie trop souvent et trop vite qu’à cette époque, bon nombre de mariages étaient arrangés et que l’amour tenait peu de place dans ce que l’ont peut appeler des tractations conjugales. Ainsi, une famille noble mais désargentée pouvait forcer ses enfants à épouser les héritiers d’une dynastie moins bien née mais fortunée. Edward Rochester lui-même est victime de ce système : son père, trop avare pour partager sa fortune entre ses deux fils mais refusant d’avoir un fils pauvre, choisit de le marier avec l’héritière d’une riche famille de Jamaïque, Bertha Mason, sans se soucier de ce que souhaite Edward et sans même lui présenter sa future femme qui s’avère être une folle furieuse.

De la même façon, le statut d’une gouvernante était assez particulier car elles étaient considérées comme légèrement supérieures aux domestiques classiques dont elles pouvaient parfois venir renforcer les effectifs mais leur extraction sociale n’en faisaient pas pour autant une compagnie digne de la catégorie des maîtres car elles étaient souvent pauvres. Présenter Rochester comme un manipulateur de sentiments sans considération pour Jane est donc une analyse erronée qui ne tient pas compte du poids des conventions sociales de l’époque. Orpheline pauvre, Jane est la gouvernante d’Adèle, une enfant dont Rochester est le tuteur et dont il est possiblement le père, même s’il en doute fortement, comme il le dit à Jane. De son côté, Rochester est issu d’une famille noble et fortunée et est l’employeur de Jane. Dans la société corsetée du XIXè siècle, leur relation est tout simplement impossible. Jane ne peut pas s’autoriser à tomber amoureuse car les conventions sociales font qu’elle ne peut et ne doit pas voir Edward Rochester autrement que comme son employeur et lui-même ne peut se déclarer amoureux car elle est pauvre, de basse extraction et son employée.

Par conséquent, les quelques reproches de la vidéo que je mentionne plus haut s’expliquent facilement si l’on tient compte de ce contexte social. Jane n’est pas « abandonnée » par Rochester : elle n’a juste pas à recevoir d’explications de la part de son employeur sur ses allées et venues, elle est la gouvernante de sa pupille, pas son épouse. Ses sentiments ne sont pas « manipulés » par Rochester pour qu’elle tombe amoureuse de lui : elle est déjà sensible à son charme et à sa personnalité avant même ses manœuvres mais sa position de gouvernante lui interdit d’espérer quoi que ce soit et elle reste lucide, ce qu’elle répète à plusieurs reprises dans le roman. Rochester doit donc la « forcer  » à dévoiler ses sentiments pour lui car, si lui a plus de latitude pour se dévoiler (sa richesse et sa position sociale aident), elle ne peut absolument pas le faire. Il faudra d’ailleurs que Rochester aille jusqu’au bout de sa comédie, qu’il lui fasse une déclaration d’amour enflammée et qu’il la répète à plusieurs reprises pour qu’elle finisse par le croire, preuve s’il en est du poids du carcan social qui pèse sur elle. Enfin, le mensonge concernant le statut marital de Rochester relève plus de la trahison que de la manipulation, et il s’explique en partie par les circonstances du mariage arrangé par le père d’Edward.

… Oui, mais pas celle que l’on croit!

La seule relation toxique que j’ai trouvée dans ce roman est celle existant entre Jane et son cousin St John Rivers. Celui-ci est le clergyman d’une paroisse assez éloignée de Thornfield. Avec ses sœurs, il recueille Jane après sa fuite et lui trouve un travail d’institutrice dans le village voisin. Si Edward Rochester avait un ascendant sur Jane, il était dû à son âge et à sa plus grande expérience de la vie mais il ne lui faisait pas sentir qu’elle était inférieure. St John est d’une toute autre trempe : il cherche dès le départ à modeler le caractère de Jane pour en faire son épouse lorsqu’il partira comme missionnaire dans les Indes, son objectif de vie. Pour cela, il la force à apprendre des langues étrangères, passe beaucoup de temps avec elle pour vérifier ses connaissances religieuses et, lorsqu’il lui propose de devenir son épouse en lui expliquant de façon froide et clinique tout l’intérêt qu’il y trouvera, il n’accepte pas son refus pourtant argumenté et sa proposition alternative de partir avec lui en tant que sœur. Il exerce une pression psychologique sur elle en ne lui parlant plus après son refus, jouant ainsi avec son empathie, et revient à la charge à plusieurs reprises, traitant Jane comme une enfant récalcitrante. Même les sœurs de St John s’offusquent de son attitude butée.

Le personnage de St John est celui qui m’a le plus rebuté parmi toute la galerie présentée dans ce roman. Il représente l’essence même du religieux tellement enfermé dans sa logique de dévouement qu’il en oublie les fondements même de sa religion : l’altruisme et la bonté. Son attitude condescendante envers Jane et ses sœurs est typique de l’époque mais assez difficile à lire calmement aujourd’hui. Il n’acceptera jamais la décision de Jane de rejoindre et d’épouser Rochester et mourra en mission, seul.

Mon avis sur Jane Eyre : un diamant parmi les classiques

Jane Eyre fait désormais partie de ma short-list des meilleurs classiques de tous les temps, aux côtés d’Orgueil et préjugés, Raisons et sentiments et Autant en emporte le vent et je suis plus que ravie d’avoir enfin lu ce roman. C’est une œuvre brillante, magnifiquement écrite et qui n’a pas pris une ride. La relation entre Jane et Edward Rochester est l’une des plus égalitaires qui soit dans la littérature, avec un jeu de miroir saisissant entre les deux personnages : une Jane orpheline, pauvre et subissant des épreuves au début de sa vie puis trouvant fortune, position sociale, famille et amour face à un Edward riche et entouré qui traverse une série d’épreuves l’amenant à perdre sa fortune, ses amis et domestiques et Jane, l’amour de sa vie. Les deux se retrouveront sur un pied d’égalité en termes d’épreuves traversées, de position et de fortune à la fin du roman. Enfin, Jane est l’un de mes personnages littéraires favoris, avec Elizabeth Bennett, Marianne Dashwood et Scarlett O’Hara, toutes des femmes fortes qui arrivent à s’imposer malgré une époque qui leur est défavorable à tous points de vue.

Je ne peux donc que vous recommander de vous lancer dans la découverte de cette œuvre majeure de la littérature britannique du XIXème siècle!

« A tes côtés », volumes 1 à 8, de Megumi Morino

Présentation de la série

Titre : A tes côtés

Autrice : Megumi Morino

Éditeur : Akata éditions

Parution : Premier volume paru en VF le 11 juin 2020 – Dernier volume (n°8) paru en VF le 27 janvier 2022.

Statut : Série en cours au Japon.

Résumé : Quand un après-midi d’hiver enneigé, Hotaru tend son parapluie à Hanoï, un de ses camarades de lycée qui vient de se faire larguer, elle n’imaginait pas encore que c’était le début d’une nouvelle histoire. En effet, ce garçon de la classe d’à côté débarque le lendemain, pour lui faire une déclaration d’amour… alors qu’il ne la connaît pas vraiment. Déstabilisée, elle finit pourtant par accepter d’essayer de sortir avec lui jusqu’à Noël. Et si derrière des apparences trompeuses, la rencontre de ces deux-là était en réalité le fruit du destin ?

Qu’est-ce qui t’a poussé à lire ce manga?

Tout est parti d’une initiative d’Anne-Laure du compte @livresetreveries sur Instagram (coucou Anne-Laure si tu passes par ici!). Elle a proposé une lecture commune (LC dans le jargon des lecteurs sur les réseaux sociaux) de manga, ce qui est rare… très rare! Et comme j’apprécie beaucoup ce qui se fait rarement et que j’adore lire des mangas, j’ai validé ma participation. Son choix s’est porté sur A tes côtés, un shojo qu’elle nous a proposé de lire sur une semaine, du 24 au 30 janvier 2022. Cela tombait très bien, le 8è tome sortait le 27! J’avoue avoir été un peu dubitative d’apprendre que c’était un shojo, c’est-à-dire une romance, genre que je ne connais pas beaucoup et dont je ne suis pas forcément friande. Mais je suis toujours partante pour la nouveauté donc j’ai foncé!

Restait à résoudre la question de l’acquisition des 8 tomes que je n’avais pas chez moi et qui n’étaient pas disponibles en médiathèque non plus. Anne-Laure proposait de nous passer les versions numériques mais je préfère personnellement tourner les pages et me passer d’écrans quand je lis. Il se trouve qu’à ce moment-là, je travaillais en librairie et mes collègues avaient pour habitude (c’est toujours le cas!) d’emprunter les nouveautés pour les lire chez elles afin de pouvoir ensuite les conseiller. J’ai ainsi pu faire la même chose, c’est-à-dire emprunter les volumes de la librairie pour les ramener ensuite une fois lus. Et voilà!

Quelques petites précisions avant d’entrer dans le vif du sujet. Je vous livre ici une chronique globale sur les huit volumes de la série car je les ai lus à la suite les uns des autres sur une période très courte, ce qui a eu pour effet chez moi de mélanger un peu tous les tomes. Par ailleurs, l’évolution de l’intrigue est assez peu marquée d’un volume à l’autre. Cette présentation groupée évite les remarques redondantes sur le fonds et la forme.

Quelques connaissances de base sur le manga

Pour toutes celles et ceux qui ont déjà l’habitude de lire des mangas, vous pouvez sauter cette partie et aller directement à la suivante! Pour les autres, voici quelques clés pour comprendre cette BD très particulière et, pourquoi pas, commencer à vous initier à votre rythme à sa découverte en lisant A tes côtés (après tout, les blogs littéraires sont aussi là pour donner envie de découvrir d’autres horizons!). Attention, cette section ne prétend pas décrire tout l’univers du manga, qui est bien trop riche et mériterait à lui-seul un article qui viendra probablement enrichir ce blog incessamment sous peu. Il sert seulement à éclairer les lectrices et lecteurs curieuses.x sur ce support et à leur donner envie de franchir le pas en ouvrant leur premier manga!

Manga est le mot qui désigne les bandes-dessinées au Japon. Par dérive de sens, il en est venu à désigner en Occident les bandes-dessinées japonaises ou asiatiques respectant les codes de dessins japonais, c’est-à-dire un sens de lecture de droite à gauche (on commence donc un manga par la fin), des dessins en noir et blanc avec des personnages aux grands yeux expressifs, des décors souvent réduits à leur simple expression et un format de poche.

Au Japon, les mangas sont prépubliés par lots de chapitres dans des magazines dédiés qui sont lus un peu partout, comme les journaux gratuits distribués dans les transports en commun des grandes villes chez nous. Pour celles et ceux qui connaissent, le modèle est assez similaire au « Journal de Spirou ». Ces magazines étant nombreux et ayant des rythmes de publication variés, le choix des dessins en noir et blanc s’est imposé pour des raisons d’économie. Lorsqu’un manga rencontre le succès, il est alors publié en volumes sous la forme que nous connaissons et ses droits peuvent être achetés par des éditeurs étrangers intéressés. Nous n’avons donc accès qu’à une infime partie de la production de mangas du Japon!

En France, les mangas sont classés dans trois catégories principales : les shonen, les shojo et les seinen. Les shonen sont plutôt destinés aux jeunes garçons et allient humour et action dans des histoires plus ou moins longues : ce sont les Dragon Ball, Naruto et autre One Piece que vos enfants vous ont peut-être déjà réclamés ou que vous avez peut-être déjà remarqués dans les rayonnages de librairies tant ils prennent de la place (plus de 30 volumes)! Le versant adulte des shonen est le seinen, qui garde le côté action mais est plus sérieux et souvent plus violent : 20th century boys ou One Punch Man figurent parmi les seinen classiques. Enfin, les shojo mettent en scène des romances hétérosexuelles à destination des jeunes adolescentes et on parlera de josei pour la version adulte des shojo.

Ces catégories ne sont cependant pas imperméables et il en existe beaucoup d’autres, notamment pour qualifier les romances homosexuelles masculines (yaoi) et féminines (yuri). Concrètement, la classification en 3 catégories majeures existe surtout pour le côté pratique du rangement en librairie. En effet, certains mangas réunissent les caractéristiques des seinen et shojo en même temps, et les lectrices et lecteurs eux-mêmes ne sont pas forcément sensibles au classement par âge. Prenons A tes côtés qui est classé en shojo. Si j’avais suivi le classement, je n’aurai pas dû le lire car je ne correspond pas à la tranche d’âge : j’ai plus de 18 ans! Sauf que A tes côtés est aussi parfaitement adapté pour des adultes, la relation entre les deux personnages posant des questions universelles et très matures. Et ma collection de mangas contient principalement des seinen, dont je ne suis pourtant pas la cible, étant une femme!

En clair, que retenir de tout cela? Le manga est une BD japonaise en noir et blanc au format poche mais plutôt épaisse, qui paraît souvent en plusieurs volumes et se lit de droite à gauche, en commençant par la fin. Le classement utilisé en France permet aux acheteurs et lecteurs de retrouver plus facilement un titre mais n’est pas cloisonnant : un adulte peut adorer les shonen tout comme un adolescent les shojo. A tes côtés est ainsi un shojo qui peut être lu par un public adulte, féminin ou masculin, car sa thématique est très mature et pose des questions universelles sur les relations amoureuses.

Douceur, subtilité et complexité

Commençons par le début et surtout la base d’un manga : le dessin. Comme vous pouvez le voir sur les couvertures, le trait est épuré, fluide, léger et les couleurs claires et douces. Ces caractéristiques se retrouvent dans la totalité des tomes de la série. Megumi Morino transcrit toute la pudeur, la retenue et la douceur de la relation qui se construit entre Hotaru et Hanoï dans la légèreté de son trait de crayon et les différentes nuances de gris qu’elle utilise. On se sent enveloppé dans un cocon, d’autant que l’histoire elle-même est traitée avec beaucoup de subtilité.

On suit en effet la relation amoureuse entre une jeune lycéenne japonaise, Hotaru, et un lycéen un peu plus âgé qu’elle, Hanoï. Au fur et à mesure des volumes, elle s’intensifie mais tout en nuances et surtout, en respectant les codes culturels japonais, ce qui fait toute la différence avec une romance classique et rend ce manga encore plus intéressant à découvrir. En effet, des éléments qui nous paraissent complètement évidents dans une relation occidentale ne le sont pas du tout au Japon. Ainsi, le fait de se déclarer officiellement en couple est une étape capitale beaucoup plus engageante que chez nous car elle implique un certain nombre de gestes, d’attitudes et de possibilités qui ne sont pas envisageables sans ce statut officiel. Se tenir la main ou sortir ensemble en public, s’appeler par son prénom ou encore s’embrasser en public sont autant de signes d’un attachement profond au Japon alors que chez nous, ce sont des gestes presque banals que l’on fait sans se poser la question du sens à leur donner ou de l’interprétation que pourrait en avoir nos interlocuteurs. C’est la raison pour laquelle la période d’essai de couple entre Hanoï et Hotaru occupe les deux ou trois premiers volumes de la série et que celle-ci se poursuit encore malgré déjà huit volumes : leur relation se construit vraiment par petites touches subtiles, tout en douceur et en accord avec le dessin, comme souligné plus haut. La période d’essai demandée par Hotaru à Hanoï est d’abord prolongée puis laisse la place à plusieurs petits moments de couple qui font aussi écho dans la culture occidentale : la première sortie en amoureux, les déjeuners partagés, les premières activités ensemble, le premier baiser…

Des personnages et une histoire bien plus complexes qu’il n’y paraît

Cependant, A tes côtés n’est pas une énième bluette pour adolescentes en mal de romantisme, bien au contraire! Le tour de force de cette série est de questionner les fondements d’une relation de couple saine à travers les caractères de ses deux personnages principaux, assez diamétralement opposés. Hotaru est une jeune fille de 16 ans simple, terre-à-terre et altruiste qui n’est pas plus intéressée que cela par les relations de couple. Elle a même du mal à comprendre l’engouement de ses camarades pour l’amour et s’estime elle-même imperméable aux signaux amoureux classiques. C’est pourquoi elle est totalement surprise par la déclaration d’Hanoï, le jeune homme qu’elle a vu se faire larguer par sa petite amie dans le café où elle était avec une de ses amies. Le retrouvant par hasard à l’arrêt de bus, assis seul sous la pluie, elle s’avance spontanément vers lui et le protège avec son parapluie. Elle agit ainsi en ayant seulement en tête qu’il allait être trempé, sans arrière pensée romantique. Lorsque le lendemain de cet évènement, Hanoï vient dans sa classe et lui déclare devant tout le monde qu’il l’aime, elle analyse la situation froidement, avançant des arguments simples et évidents: il ne peut pas l’aimer puisqu’ils ne se connaissent pas! L’idée de la période d’essai vient d’elle, ce qui montre qu’elle est réfléchie dans ses actes tout en prenant en compte les souhaits des autres et en restant ouverte à de nouvelles expériences, tant qu’elle en contrôle un tant soit peu les conditions. A l’opposé, Hanoï est spontané, entier et très exclusif. Son attitude extrêmement protectrice envers Hotaru peut déranger dans les deux premiers volumes car il ressemble presque à un manipulateur mais assez rapidement, son caractère évolue au contact de Hotaru qui insiste sur l’importance du partage et l’amène peu à peu à se dévoiler et à « lâcher du lest ». On découvre ainsi la raison de son attachement maladif à toutes les filles qu’il a pu fréquenter jusqu’à Hotaru.

Mais ce qui rend cette série absolument géniale, c’est que l’on voit bien les deux personnages évoluer au contact l’un de l’autre petit à petit, au gré des expériences et sans que leur passé respectif ne servent d’excuse définitive à ce qu’ils sont. Le passé explique des traits de personnalité mais ceux-ci sont déjà en train de se transformer un peu, montrant par là qu’il est possible de changer sans se renier. Hotaru reste dévouée envers ses camarades et ne renonce pas à sa famille mais elle comprend l’importance pour Hanoï de passer du temps avec lui, l’accepte et l’intègre dans son quotidien. Elle applique son altruisme à Hanoï en acceptant un emploi étudiant dans une librairie, sachant qu’il lit beaucoup. Hanoï de son côté apprend à « partager » Hotaru avec ses amies en les fréquentant et en sociabilisant davantage avec ses pairs, sans pour autant renier son caractère assez ombrageux. Malgré quelques remarques, l’entourage d’Hotaru et d’Hanoï accepte la situation et les accepte tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts, d’autant qu’eux-mêmes n’en sont pas exempts. Il est d’ailleurs intéressant de voir la différence de relation entre Hotaru et Hanoï et leurs amis en couple! Enfin, les personnages secondaires servent eux aussi à aborder des problématiques de relations sentimentales : l’amour non partagé, l’amour virtuel, la jalousie, la peur… Le tout forme un panel d’êtres humains crédibles et attachants, dont les interactions ressemblent fortement à celles que nous pourrions avoir avec nos propres ami.es.s.

Mon avis sur a tes côtés : A découvrir d’urgence !

Vous l’avez probablement compris : j’ai adoré cette série! Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ce n’est pas une romance banale entre deux lycéens comme on peut en lire par centaines dans les shojo. Megumi Morino nous propose ici une vraie analyse des sentiments humains et amoureux à travers deux personnages très attachants aux caractères opposés et une panoplie de personnages secondaires tout aussi intéressants. Avec tact et douceur, elle sème les étapes d’une histoire d’amour qui se construit petit à petit avec ses joies, ses peines parfois, ses obstacles à surmonter aussi et fait en sorte que ses personnages en sortent à chaque fois grandis. La finesse de son dessin vient renforcer la subtilité du récit qui ne tombe jamais dans la mièvrerie, piège classique des shojo. C’est pour cela qu’A tes côtés est une lecture tout public à mettre entre toutes les mains car les relations qui y sont décrites valent pour tous les âges et pour tous les genres. Cette série fournit des conseils bien plus précieux et concrets sur ce que doit et peut être un couple sain que tous les livres traitant du sujet!

Je vous recommande donc chaudement la découverte de ce manga, y compris pour débuter votre incursion dans l’univers de la BD japonaise!

« Lore olympus » volume 1, de rachel smythe

Titre : Lore Olympus, volume 1

Auteur : Rachel Smythe

Éditeur : Hugo BD

Parution : 6 janvier 2022

ISBN/EAN : 9782755693249

C’est quoi l’histoire, en deux phrases ?

Perséphone, jeune déesse naïve en formation, assiste à sa première fête dans l’Olympe, le royaume des Dieux. Elle y rencontre Hadès, le Dieu des Enfers : le charme opère mais leur histoire connaît des débuts… compliqués.

Qu’est-ce qui t’a poussé à lire ce livre?

A priori, rien ne me destinait à lire un jour cette BD : je ne connaissais pas la série Webtoon dont elle est directement issue, le graphisme et les couleurs ne m’interpellaient pas non plus et quand je vais en librairie, y compris en librairie spécialisée, je traîne beaucoup plus du côté des romans et des mangas que de la bande-dessinée pure et dure. Mais lorsqu’on fréquente la planète Bookstagram, il devient difficile d’ignorer les sorties phénomènes, et Lore Olympus était l’une des premières de 2022. Je dirai même qu’elle a inauguré le bal!

J’appelle « sortie-phénomène » un livre que vous voyez passer sur plusieurs comptes d’influenceuses et influenceurs littéraires sur un laps de temps plus ou moins resserré, aux environs de sa sortie officielle en librairie. Il n’est pas forcément encore lu ni même chroniqué par celleux qui le reçoivent mais vous le voyez mis en scène en photo sur plusieurs comptes, ancrant inconsciemment chez vous l’idée que ce livre va sortir, qu’il est déjà populaire et donc qu’il vous le faut/faudra ;-)!

J’avoue donc humblement avoir en partie cédé aux sirènes de Bookstagram, mais pas seulement. Mon amour et ma fascination pour l’histoire et la mythologie grecques expliquent aussi ma curiosité face à cette réécriture moderne du mythe de Perséphone. Je voulais savoir comment l’autrice s’était débrouillée pour moderniser et populariser à ce point cette légende qui ne figure pas parmi les plus légères ni même les plus connues du répertoire grec, j’y reviendrai plus tard. Enfin, j’ai tout simplement eu la possibilité d’emprunter cette BD dans le cadre du poste de libraire que j’occupais à ce moment-là : comment ne pas résister?

Influence de groupe, curiosité intellectuelle et opportunité professionnelle : voilà donc le cocktail qui m’a fait découvrir Lore Olympus!

Le mythe originel de Perséphone et hadès.

Comme je le disais plus haut, l’histoire de Perséphone et Hadès n’est pas, et de loin, la plus joyeuse, la plus belle ou même la plus connue. J’ai fait cinq ans de grec ancien, trois ans de grec moderne et choisi l’histoire de l’Antiquité en option majeure en licence d’histoire, j’ai également enseigné l’histoire et la littérature et je peux vous assurer qu’Hadès, le dieu des Enfers grecs, n’apparaît presque jamais dans les classiques de la mythologie. Pourquoi un tel désamour me direz-vous? Si je devais me hasarder à émettre une hypothèse, je dirai que l’omnipotence et l’omniprésence de Zeus, le dieu des dieux de l’Olympe, laissent peu de place aux autres, surtout s’ils sont discrets. Vous entendrez ainsi beaucoup parler des divinités olympiennes versant dans l’excès comme Héra, l’épouse officielle de Zeus, maintes fois trompée par lui et qui exerce sa vengeance sur les conquêtes de son mari et sur lui-même à plusieurs reprises de façon violente, Arès, dieu de la guerre et du carnage ou encore Dionysos, dieu du vin, de la fête et des excès mais très peu d’Hestia par exemple, déesse du foyer, qui n’a jamais pris parti dans les combats entre dieux.

Mais revenons au mythe originel de Perséphone et Hadès qui, comme toute les histoires de la mythologie grecque, ne fait pas dans la délicatesse. L’inceste et la violence sont monnaie courante chez ces dieux de l’Olympe qui n’hésitent pas à enlever, tromper, violer ou tuer tout être humain ou divin qui suscite un tant soit peu leur intérêt. Pourquoi est-ce que je vous précise cela? Tout simplement parce que notre Perséphone est la fille de Zeus et Déméter, déesse des Récoltes, qui sont frère et sœur, et qu’elle est enlevée par Hadès, dieu des Enfers et également frère de Zeus et Déméter! En clair, Perséphone est née d’une relation incestueuse entre un frère et une sœur divins et est enlevée par son oncle tout aussi divin qui la force à l’épouser car il en est tombé amoureux de la façon la moins naturelle qui soit.

En effet, en tant que gardien des Enfers, Hadès est chargé de vérifier que les Géants ensevelis sous terre par les dieux lors de la guerre appelée Gigantomachie ne puissent jamais s’échapper. Mais ces Géants ont une force colossale et cherchent à se libérer en provoquant des tremblements de terre et en faisant ressortir leur souffle par les cratères de l’Etna et du Vésuve. Leur agitation oblige Hadès à quitter son royaume souterrain pour inspecter la Terre et vérifier qu’aucune brèche n’est apparue. Son arrivée est remarquée par Aphrodite, déesse de l’Amour, qui trouve son attitude trop arrogante, sans raison particulière. Contrariée, la déesse décide de lui faire connaître les tourments de l’amour et ordonne à Éros de décocher une de ses flèches magiques. Hadès est atteint en plein cœur et voit au même moment Perséphone cueillir une fleur à l’endroit où il se trouve : il tombe ainsi amoureux d’elle. Pour résumer, l’amour d’Hadès pour Perséphone est issu du caprice et du jugement à l’emporte-pièce de la déesse de l’Amour. Vous comprenez mieux pourquoi j’étais curieuse de découvrir comment l’autrice s’était débrouillée pour transformer ce mythe en une histoire accessible au grand public!

La suite de l’histoire n’est pas forcément plus sympathique! Hadès, fou amoureux, demande la main de Perséphone à son frère Zeus, qui est donc aussi le père de la jeune fille. Celui-ci, connaissant l’amour inconditionnel que porte Déméter à sa fille unique, reste neutre : il n’accorde pas sa main mais ne la refuse pas non plus. Hadès prend cette position pour un accord tacite et enlève donc Perséphone qu’il épouse contre son gré et amène avec lui au royaume des Enfers. Déméter, constatant la disparition de sa fille chérie mais ignorant qui en est responsable, quitte l’Olympe et parcourt la Terre à sa recherche, laissant les récoltes à l’abandon. Hélios, le dieu du Soleil, finit par lui révéler l’information qu’elle convoite. Furieuse contre Zeus qui n’a pas empêché cet enlèvement et déterminée à récupérer sa fille, Déméter menace de quitter définitivement l’Olympe si Perséphone ne lui est pas rendue. Conscient de ce que cela implique pour les mortels et pour les dieux (la fin des récoltes et donc la mort des humains qui leur vouent un culte), Zeus dépêche Hermès, le messager des Dieux, auprès de son frère pour lui faire savoir qu’il doit rendre Perséphone. Hadès y consent sous réserve que sa femme n’ait pas encore goûté la nourriture du royaume des Morts. Or, il parvient à lui faire avaler par la ruse six grains de grenade avant son départ. Zeus est alors contraint de céder : Perséphone passera six mois de l’année avec sa mère sur Terre et les six autres mois avec son époux sous terre. Ce compromis fonctionne et explique la saisonnalité des cultures : quand Perséphone est avec sa mère, les plantes poussent (printemps et été) et quand elle rejoint son mari sous terre, la nature meurt (automne et hiver).

Avec le temps, Perséphone s’habitue à son double statut et devient une bonne épouse pour Hadès qui lui est fidèle. Mais il ne faudrait pas croire que la jeune déesse ne fait que subir son sort ou n’est que faiblesse. Elle a pris un amant en la personne d’Adonis et dut le partager avec Aphrodite qui avait elle aussi des vues sur lui et la seule fois où son mari montra de la tendresse pour une autre femme (la nymphe Minthe en l’occurrence), Perséphone la transforma en végétal : la menthe. Le mythe n’explique pas la recette du mojito ceci dit ;-)!

La réécriture du mythe par Rachel smythe

C’est en ayant tout cela à l’esprit que j’ai entamé ma lecture de Lore Olympus. Rachel Smythe parvient à retranscrire en partie l’ambiance assez glauque du mythe d’origine. Les couleurs sont sombres, les dieux capricieux, l’ennui et le vice transparaissent dans certains détails de l’histoire ou dans les caractéristiques de certains personnages. Dans son entreprise de modernisation du mythe, l’autrice a rajeuni tous les dieux de l’Olympe, simplifié les liens familiaux entre eux (exit Hadès oncle de Perséphone!) et transposé toute l’histoire dans un univers très business, où les dieux sont des PDG. Le tout est bien amené et reste crédible.

J’ai eu beaucoup plus de mal avec… tout le reste en fait. Pour commencer, je n’ai pas du tout accroché avec le graphisme. J’ai des goûts assez variés en BD : cela va de Gaston Lagaffe aux Vieux fourneaux en passant par les Tu mourras moins bête de Marion Montaigne ou les Silex and the city de Jul. Les crayonnés de ces séries sont très différents et je ne saurai dire ce qui me fait craquer pour un type de dessin et pas un autre, à part peut-être le souci du détail et des couleurs que je n’ai pas retrouvé dans cet ouvrage. La présentation interne de Lore Olympus donne la sensation d’hésiter entre la bande dessinée classique et le roman graphique et le constant jeu sur trois nuances de couleurs (celles que vous voyez en couverture) m’a vite lassée.

Au-delà de la forme de la BD, je dois aussi avouer que le contenu m’a dérangée à plusieurs niveaux. Pour commencer, j’ai trouvé que l’intrigue était très légère pour un premier volume. Il se passe au final assez peu de choses pour un livre aussi gros : on a tout de même entre les mains un beau bébé d’1,1kg! Les scènes sont parfois décousues et certaines ne sont pas très compréhensibles comme celle de la pousse des cheveux de Perséphone pendant son sommeil. Peut-être faut-il être familier de la série Webtoon pour comprendre?

Ensuite, la réécriture quasi complète du personnage de Perséphone, pensée à l’aune du féminisme et de la femme conquérante propre à notre époque tout en gardant un côté naïf, gentil et très sexualisé, m’a gênée pour deux raisons.

La première, c’est que l’essence même du personnage et du mythe est trahie. Perséphone est une déesse qui subit globalement son sort et est assez transparente à l’origine. La transformer en conquérante de l’indépendance féminine n’a tout simplement pas de sens! D’autres déesses se seraient mieux prêtées à cette incarnation, comme Artémis, Héra ou surtout Déméter, la mère de Perséphone. Ou alors, il aurait fallu prendre le contrepied total de cette personnalité et la rendre complètement rebelle à toute forme de domination, qu’elle soit masculine ou féminine. Garder son côté innocent tout en essayant d’en faire une jeune femme qui se veut indépendante et sérieuse ne fonctionne pas pour moi. Par ailleurs, que ce soit Perséphone ou Hadès, aucun des deux ne tombe amoureux de l’autre naturellement, comme vous l’avez lu plus tôt. Transformer en jolie romance ce qui est à l’origine une relation forcée est certes intéressant, mais totalement mensonger. Vous me direz que Walt Disney a bien fait pareil avec la plupart des contes connus et je vous répondrai que vous avez parfaitement raison:Lore Olympus est donc la version « disneyesque » du mythe de Perséphone et Hadès!

Le second point qui m’a dérangée est le contraste entre la naïveté de Perséphone, sa représentation très sexualisée et son attitude vis-à-vis des hommes. Cela ramène au cliché de la jolie blonde écervelée inconsciente de l’effet qu’elle produit qui a fait le bonheur du cinéma hollywoodien des années 1950 et le malheur des actrices qui incarnaient ce stéréotype. La première scène où elle apparaît et renverse (ou se fait renverser) un liquide quelconque sur sa mini robe pendant qu’Hadès et ses frères l’observent d’en haut est d’une malaisance… Je pensais vraiment qu’on était passés à autre chose en 2022.

Enfin, les personnages sont tous définis par un seul trait de caractère poussé à l’extrême, ce qui les rend au final creux. Perséphone est naïve et gentille au point d’en paraître godiche, Hadès est encore plus tourmenté et ténébreux qu’Edward dans Twilight, Artémis ne sert à rien (ce qui est bien dommage) à part mettre en valeur Perséphone et introduire son frangin Apollon dans l’histoire, ce dernier est un bellâtre qui ne comprend pas le mot « non » (pas merci pour la plus ou moins scène de viol à la fin), Éros est le cliché de l’homosexuel totalement efféminé (au secours!!) et ainsi de suite…

Pour conclure : Mon avis sur Lore Olympus

Vous l’avez deviné, je n’ai pas été emballée par cette lecture pour des raisons de fonds et de forme qui me sont propres et qui ne vous correspondront peut-être pas. Ce ne sera pas non plus une déception car je ne m’attendais à rien de particulier. Lore Olympus sera juste une lecture qui me laissera un arrière-goût un peu plus désagréable qu’une autre. Je ne pense pas que je l’oublierai car la réécriture du personnage de Perséphone m’a dérangée dans le sens où elle ne correspond pas à la signification du mythe d’origine. Si elle avait été transformée en jeune femme rebelle qui envoie balader sa mère et Hadès pour vivre une vie de célibataire, j’aurais carrément adoré! Ceci dit, j’irai peut-être jeter un coup d’œil au webtoon, pour voir de quoi il retourne et si les remarques que j’ai pu formuler y sont valables ou pas.

Si de votre côté vous avez adoré cette BD, je serai ravie de lire vos avis constructifs en commentaires!

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout et à très bientôt pour une nouvelle chronique!