« Lore olympus » volume 1, de rachel smythe

Titre : Lore Olympus, volume 1

Auteur : Rachel Smythe

Éditeur : Hugo BD

Parution : 6 janvier 2022

ISBN/EAN : 9782755693249

C’est quoi l’histoire, en deux phrases ?

Perséphone, jeune déesse naïve en formation, assiste à sa première fête dans l’Olympe, le royaume des Dieux. Elle y rencontre Hadès, le Dieu des Enfers : le charme opère mais leur histoire connaît des débuts… compliqués.

Qu’est-ce qui t’a poussé à lire ce livre?

A priori, rien ne me destinait à lire un jour cette BD : je ne connaissais pas la série Webtoon dont elle est directement issue, le graphisme et les couleurs ne m’interpellaient pas non plus et quand je vais en librairie, y compris en librairie spécialisée, je traîne beaucoup plus du côté des romans et des mangas que de la bande-dessinée pure et dure. Mais lorsqu’on fréquente la planète Bookstagram, il devient difficile d’ignorer les sorties phénomènes, et Lore Olympus était l’une des premières de 2022. Je dirai même qu’elle a inauguré le bal!

J’appelle « sortie-phénomène » un livre que vous voyez passer sur plusieurs comptes d’influenceuses et influenceurs littéraires sur un laps de temps plus ou moins resserré, aux environs de sa sortie officielle en librairie. Il n’est pas forcément encore lu ni même chroniqué par celleux qui le reçoivent mais vous le voyez mis en scène en photo sur plusieurs comptes, ancrant inconsciemment chez vous l’idée que ce livre va sortir, qu’il est déjà populaire et donc qu’il vous le faut/faudra ;-)!

J’avoue donc humblement avoir en partie cédé aux sirènes de Bookstagram, mais pas seulement. Mon amour et ma fascination pour l’histoire et la mythologie grecques expliquent aussi ma curiosité face à cette réécriture moderne du mythe de Perséphone. Je voulais savoir comment l’autrice s’était débrouillée pour moderniser et populariser à ce point cette légende qui ne figure pas parmi les plus légères ni même les plus connues du répertoire grec, j’y reviendrai plus tard. Enfin, j’ai tout simplement eu la possibilité d’emprunter cette BD dans le cadre du poste de libraire que j’occupais à ce moment-là : comment ne pas résister?

Influence de groupe, curiosité intellectuelle et opportunité professionnelle : voilà donc le cocktail qui m’a fait découvrir Lore Olympus!

Le mythe originel de Perséphone et hadès.

Comme je le disais plus haut, l’histoire de Perséphone et Hadès n’est pas, et de loin, la plus joyeuse, la plus belle ou même la plus connue. J’ai fait cinq ans de grec ancien, trois ans de grec moderne et choisi l’histoire de l’Antiquité en option majeure en licence d’histoire, j’ai également enseigné l’histoire et la littérature et je peux vous assurer qu’Hadès, le dieu des Enfers grecs, n’apparaît presque jamais dans les classiques de la mythologie. Pourquoi un tel désamour me direz-vous? Si je devais me hasarder à émettre une hypothèse, je dirai que l’omnipotence et l’omniprésence de Zeus, le dieu des dieux de l’Olympe, laissent peu de place aux autres, surtout s’ils sont discrets. Vous entendrez ainsi beaucoup parler des divinités olympiennes versant dans l’excès comme Héra, l’épouse officielle de Zeus, maintes fois trompée par lui et qui exerce sa vengeance sur les conquêtes de son mari et sur lui-même à plusieurs reprises de façon violente, Arès, dieu de la guerre et du carnage ou encore Dionysos, dieu du vin, de la fête et des excès mais très peu d’Hestia par exemple, déesse du foyer, qui n’a jamais pris parti dans les combats entre dieux.

Mais revenons au mythe originel de Perséphone et Hadès qui, comme toute les histoires de la mythologie grecque, ne fait pas dans la délicatesse. L’inceste et la violence sont monnaie courante chez ces dieux de l’Olympe qui n’hésitent pas à enlever, tromper, violer ou tuer tout être humain ou divin qui suscite un tant soit peu leur intérêt. Pourquoi est-ce que je vous précise cela? Tout simplement parce que notre Perséphone est la fille de Zeus et Déméter, déesse des Récoltes, qui sont frère et sœur, et qu’elle est enlevée par Hadès, dieu des Enfers et également frère de Zeus et Déméter! En clair, Perséphone est née d’une relation incestueuse entre un frère et une sœur divins et est enlevée par son oncle tout aussi divin qui la force à l’épouser car il en est tombé amoureux de la façon la moins naturelle qui soit.

En effet, en tant que gardien des Enfers, Hadès est chargé de vérifier que les Géants ensevelis sous terre par les dieux lors de la guerre appelée Gigantomachie ne puissent jamais s’échapper. Mais ces Géants ont une force colossale et cherchent à se libérer en provoquant des tremblements de terre et en faisant ressortir leur souffle par les cratères de l’Etna et du Vésuve. Leur agitation oblige Hadès à quitter son royaume souterrain pour inspecter la Terre et vérifier qu’aucune brèche n’est apparue. Son arrivée est remarquée par Aphrodite, déesse de l’Amour, qui trouve son attitude trop arrogante, sans raison particulière. Contrariée, la déesse décide de lui faire connaître les tourments de l’amour et ordonne à Éros de décocher une de ses flèches magiques. Hadès est atteint en plein cœur et voit au même moment Perséphone cueillir une fleur à l’endroit où il se trouve : il tombe ainsi amoureux d’elle. Pour résumer, l’amour d’Hadès pour Perséphone est issu du caprice et du jugement à l’emporte-pièce de la déesse de l’Amour. Vous comprenez mieux pourquoi j’étais curieuse de découvrir comment l’autrice s’était débrouillée pour transformer ce mythe en une histoire accessible au grand public!

La suite de l’histoire n’est pas forcément plus sympathique! Hadès, fou amoureux, demande la main de Perséphone à son frère Zeus, qui est donc aussi le père de la jeune fille. Celui-ci, connaissant l’amour inconditionnel que porte Déméter à sa fille unique, reste neutre : il n’accorde pas sa main mais ne la refuse pas non plus. Hadès prend cette position pour un accord tacite et enlève donc Perséphone qu’il épouse contre son gré et amène avec lui au royaume des Enfers. Déméter, constatant la disparition de sa fille chérie mais ignorant qui en est responsable, quitte l’Olympe et parcourt la Terre à sa recherche, laissant les récoltes à l’abandon. Hélios, le dieu du Soleil, finit par lui révéler l’information qu’elle convoite. Furieuse contre Zeus qui n’a pas empêché cet enlèvement et déterminée à récupérer sa fille, Déméter menace de quitter définitivement l’Olympe si Perséphone ne lui est pas rendue. Conscient de ce que cela implique pour les mortels et pour les dieux (la fin des récoltes et donc la mort des humains qui leur vouent un culte), Zeus dépêche Hermès, le messager des Dieux, auprès de son frère pour lui faire savoir qu’il doit rendre Perséphone. Hadès y consent sous réserve que sa femme n’ait pas encore goûté la nourriture du royaume des Morts. Or, il parvient à lui faire avaler par la ruse six grains de grenade avant son départ. Zeus est alors contraint de céder : Perséphone passera six mois de l’année avec sa mère sur Terre et les six autres mois avec son époux sous terre. Ce compromis fonctionne et explique la saisonnalité des cultures : quand Perséphone est avec sa mère, les plantes poussent (printemps et été) et quand elle rejoint son mari sous terre, la nature meurt (automne et hiver).

Avec le temps, Perséphone s’habitue à son double statut et devient une bonne épouse pour Hadès qui lui est fidèle. Mais il ne faudrait pas croire que la jeune déesse ne fait que subir son sort ou n’est que faiblesse. Elle a pris un amant en la personne d’Adonis et dut le partager avec Aphrodite qui avait elle aussi des vues sur lui et la seule fois où son mari montra de la tendresse pour une autre femme (la nymphe Minthe en l’occurrence), Perséphone la transforma en végétal : la menthe. Le mythe n’explique pas la recette du mojito ceci dit ;-)!

La réécriture du mythe par Rachel smythe

C’est en ayant tout cela à l’esprit que j’ai entamé ma lecture de Lore Olympus. Rachel Smythe parvient à retranscrire en partie l’ambiance assez glauque du mythe d’origine. Les couleurs sont sombres, les dieux capricieux, l’ennui et le vice transparaissent dans certains détails de l’histoire ou dans les caractéristiques de certains personnages. Dans son entreprise de modernisation du mythe, l’autrice a rajeuni tous les dieux de l’Olympe, simplifié les liens familiaux entre eux (exit Hadès oncle de Perséphone!) et transposé toute l’histoire dans un univers très business, où les dieux sont des PDG. Le tout est bien amené et reste crédible.

J’ai eu beaucoup plus de mal avec… tout le reste en fait. Pour commencer, je n’ai pas du tout accroché avec le graphisme. J’ai des goûts assez variés en BD : cela va de Gaston Lagaffe aux Vieux fourneaux en passant par les Tu mourras moins bête de Marion Montaigne ou les Silex and the city de Jul. Les crayonnés de ces séries sont très différents et je ne saurai dire ce qui me fait craquer pour un type de dessin et pas un autre, à part peut-être le souci du détail et des couleurs que je n’ai pas retrouvé dans cet ouvrage. La présentation interne de Lore Olympus donne la sensation d’hésiter entre la bande dessinée classique et le roman graphique et le constant jeu sur trois nuances de couleurs (celles que vous voyez en couverture) m’a vite lassée.

Au-delà de la forme de la BD, je dois aussi avouer que le contenu m’a dérangée à plusieurs niveaux. Pour commencer, j’ai trouvé que l’intrigue était très légère pour un premier volume. Il se passe au final assez peu de choses pour un livre aussi gros : on a tout de même entre les mains un beau bébé d’1,1kg! Les scènes sont parfois décousues et certaines ne sont pas très compréhensibles comme celle de la pousse des cheveux de Perséphone pendant son sommeil. Peut-être faut-il être familier de la série Webtoon pour comprendre?

Ensuite, la réécriture quasi complète du personnage de Perséphone, pensée à l’aune du féminisme et de la femme conquérante propre à notre époque tout en gardant un côté naïf, gentil et très sexualisé, m’a gênée pour deux raisons.

La première, c’est que l’essence même du personnage et du mythe est trahie. Perséphone est une déesse qui subit globalement son sort et est assez transparente à l’origine. La transformer en conquérante de l’indépendance féminine n’a tout simplement pas de sens! D’autres déesses se seraient mieux prêtées à cette incarnation, comme Artémis, Héra ou surtout Déméter, la mère de Perséphone. Ou alors, il aurait fallu prendre le contrepied total de cette personnalité et la rendre complètement rebelle à toute forme de domination, qu’elle soit masculine ou féminine. Garder son côté innocent tout en essayant d’en faire une jeune femme qui se veut indépendante et sérieuse ne fonctionne pas pour moi. Par ailleurs, que ce soit Perséphone ou Hadès, aucun des deux ne tombe amoureux de l’autre naturellement, comme vous l’avez lu plus tôt. Transformer en jolie romance ce qui est à l’origine une relation forcée est certes intéressant, mais totalement mensonger. Vous me direz que Walt Disney a bien fait pareil avec la plupart des contes connus et je vous répondrai que vous avez parfaitement raison:Lore Olympus est donc la version « disneyesque » du mythe de Perséphone et Hadès!

Le second point qui m’a dérangée est le contraste entre la naïveté de Perséphone, sa représentation très sexualisée et son attitude vis-à-vis des hommes. Cela ramène au cliché de la jolie blonde écervelée inconsciente de l’effet qu’elle produit qui a fait le bonheur du cinéma hollywoodien des années 1950 et le malheur des actrices qui incarnaient ce stéréotype. La première scène où elle apparaît et renverse (ou se fait renverser) un liquide quelconque sur sa mini robe pendant qu’Hadès et ses frères l’observent d’en haut est d’une malaisance… Je pensais vraiment qu’on était passés à autre chose en 2022.

Enfin, les personnages sont tous définis par un seul trait de caractère poussé à l’extrême, ce qui les rend au final creux. Perséphone est naïve et gentille au point d’en paraître godiche, Hadès est encore plus tourmenté et ténébreux qu’Edward dans Twilight, Artémis ne sert à rien (ce qui est bien dommage) à part mettre en valeur Perséphone et introduire son frangin Apollon dans l’histoire, ce dernier est un bellâtre qui ne comprend pas le mot « non » (pas merci pour la plus ou moins scène de viol à la fin), Éros est le cliché de l’homosexuel totalement efféminé (au secours!!) et ainsi de suite…

Pour conclure : Mon avis sur Lore Olympus

Vous l’avez deviné, je n’ai pas été emballée par cette lecture pour des raisons de fonds et de forme qui me sont propres et qui ne vous correspondront peut-être pas. Ce ne sera pas non plus une déception car je ne m’attendais à rien de particulier. Lore Olympus sera juste une lecture qui me laissera un arrière-goût un peu plus désagréable qu’une autre. Je ne pense pas que je l’oublierai car la réécriture du personnage de Perséphone m’a dérangée dans le sens où elle ne correspond pas à la signification du mythe d’origine. Si elle avait été transformée en jeune femme rebelle qui envoie balader sa mère et Hadès pour vivre une vie de célibataire, j’aurais carrément adoré! Ceci dit, j’irai peut-être jeter un coup d’œil au webtoon, pour voir de quoi il retourne et si les remarques que j’ai pu formuler y sont valables ou pas.

Si de votre côté vous avez adoré cette BD, je serai ravie de lire vos avis constructifs en commentaires!

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout et à très bientôt pour une nouvelle chronique!

Bilan livresque de 2021

Pour ce premier article de blog, je voulais commencer avec le bilan de mon année livresque 2021, dont vous avez peut-être eu un petit aperçu si vous me suivez sur les réseaux sociaux.

Alors, que dire de cette année 2021 en termes de lectures? Elle a été riche, indéniablement! Mon rythme de lecture n’a pas forcément été régulier mais il n’y a pas eu un seul mois où je n’ai pas lu. J’ai été professeure documentaliste sur une partie de l’année et ai donc eu accès à davantage de ressources, notamment la sélection du Prix Mangawa 2021 auquel j’ai inscrit mon établissement scolaire et qui m’a permis de découvrir plusieurs pépites dans la catégorie manga. J’ai également (re) découvert le concept des médiathèques et me suis inscrite au réseau de celles de ma ville en septembre, ce qui m’a là-aussi donné accès à des ressources supplémentaires. Enfin, je me suis lancée sur Instagram en novembre pour pouvoir partager avec vous mes lectures et mes passions, et force est de constater que les tentations livresques se multiplient sur ce réseau :-)! Mais trêves de bavardages, passons au concret.

Les chiffres

Bien que je ne sois pas amie avec les mathématiques, elles me sont ici bien utiles pour vous présenter de façon simple et claire mon bilan livresque 2021.

  • Toutes catégories confondues, j’ai lu 158 livres sur toute l’année, soit 31 de plus qu’en 2020,
  • Ces 158 livres se décomposent en 68 romans (dont 5 en VO anglais et 4 relectures), 15 BD, 69 mangas et 5 « autres » (comprendre par là tout ce qui n’est ni roman, ni BD, ni manga : essais, livres de développement personnel, etc…),
  • Ma moyenne de livres lus par mois s’élève à 13,2,
  • Ma moyenne mensuelle de romans et « autres » est de 6,
  • Le mois où j’ai le plus lu est mars avec 30 livres (dont 21 mangas et 5 BD, pas de panique!),
  • Le mois où j’ai le moins lu est janvier avec 2 livres seulement (1 roman et 1 BD).

Le cru 2021 est donc plus important qu’en 2020, avec un rythme global qui me correspond et que je ne compte pas modifier en 2022!

Sur tous ces livres, j’ai eu 9 déceptions, 4 romans lus mais oubliés, plusieurs excellentes lectures et 4 coups de cœur absolus. Je vais donc vous présenter tout ceci rapidement et dans l’ordre, en commençant par les déceptions.

les déceptions

Il m’arrive très rarement d’abandonner une lecture ou de considérer un ouvrage comme foncièrement mauvais. En effet, tout livre comporte au moins un élément qui permet un tant soit peu de le sauver : le style de l’auteur, un personnage attachant, un fonds d’humour, une intrigue prometteuse, etc… C’est pourquoi je parle plutôt de déceptions, c’est-à-dire des livres dont j’attendais beaucoup et qui n’ont pas tenu les promesses que je pensais trouver en eux. La qualité de l’ouvrage n’est donc pas en cause : seul le décalage entre mes attentes et ce que m’a offert le livre est à incriminer.

Voici donc les neuf titres qui m’ont déçue, avec pour chacun d’entre eux quelques clés d’explication de façon à vous permettre de mieux comprendre mon ressenti. N’hésitez pas à vous faire votre propre opinion sur ces ouvrages en allant les lire également, si ce n’est pas déjà fait!

Mes déceptions livresques de 2021 – Création de Lalalalivres – Janvier 2022
  • Le village perdu, de Camilla Sten : grande fan de la série de romans « Meutres à Sandhamm » de sa mère Viveca qui ont inspiré la série du même nom, je me suis naturellement intéressée au premier roman adulte de sa fille Camilla, d’autant que le résumé était alléchant. Le soufflé est cependant assez vite retombé pour moi car son héroïne s’est avérée au final plutôt décevante par ses hésitations, plusieurs zones d’ombre n’ont pas été levées et l’autrice n’a pas réussi à trancher entre ambiance fantastique et réaliste pour son récit.
  • La femme aux fleurs de papier, de Donato Carrisi : un résumé intriguant où il était question de l’identité mystérieuse d’un homme mort sur le Titanic au moment de son naufrage. Problème : il n’y a que très peu de scènes en lien avec le Titanic et l’homme en question! L’action se passe pendant la Première Guerre mondiale et consiste en un face-à-face/interrogatoire entre deux hommes de camps ennemis, dont l’un va être exécuté au petit matin. Ma déception a été d’autant plus importante que j’avais découvert cet auteur en 2020 avec sa série du Chuchoteur que j’ai adorée! Je ne regrette donc pas de l’avoir emprunté en médiathèque plutôt qu’acheté comme je l’avais prévu à l’origine.
  • Impact, d’Olivier Norek : c’est la dichotomie nette dans la construction du récit qui m’a totalement fait décrocher, ainsi que la fin que j’ai personnellement trouvée peu crédible. La première partie est une enquête policière menée tambour battant avec des personnages captivants mais la seconde s’englue dans un procès aux notions juridiques complexes. Il s’agit à priori d’une volonté délibérée de l’auteur, qui est tout à fait conscient du clivage que peut provoquer son roman pour son public habituel, ce que j’admire! J’avais également été prévenue que ce roman ne reflétait pas son style habituel que je vais donc m’empresser d’explorer en 2022.
  • Santa Muerte, de Gabino Iglesias : Je m’attendais à un récit déjanté à la Tarantino ou Anonyme, j’ai eu un personnage principal plutôt peureux, pétri de religion et de croyances vaudoues dans une histoire classique de lutte de territoires entre narcotrafiquants mexicains. Je n’ai pas réussi à m’attacher à ce personnage et l’omniprésence des éléments religieux n’a pas aidé. Dommage, j’adore la couverture!
  • Les arcanes du chaos et Prédateurs de Maxime Chattam : Ces deux romans publiés en un seul volume aux éditions Pocket présentaient trop d’incohérences et d’éléments irréalistes pour que je puisse adhérer aux récits. Ma relation livresque avec Chattam est en dents de scie depuis quelques temps…
  • Meurtre avec (pré)méditation et Falaise fatale, de Robert Thorogood : J’ai été séduite par les couvertures et les résumés mais je n’ai pas réussi à m’attacher au personnage principal que je trouve désagréable et méprisant. C’est à priori ce qui fait son succès mais cela n’a pas fonctionné sur moi.
  • 13 à table édition 2021 : le décalage entre la thématique donnée (les meilleurs souvenirs de vacances) et les récits proposés, à 80% glauques, tristes ou violents ont fait de cette lecture un moment assez pénible, surtout que je l’ai lu en décembre, mois festif s’il en est! Heureusement, il s’agissait d’une lecture commune, ce qui m’a beaucoup aidé à ne pas abandonner cet ouvrage, et certaines nouvelles m’ont permis de découvrir de très belles plumes, comme celles de Tatiana de Rosnay, Marina Carrère-D’Encausse ou encore Agnès Martin-Lugand.

lus mais oubliés…

J’ai comme habitude de noter chaque mois dans mon carnet de lecture les livres que j’ai lu et malheureusement, certains ne m’ont pas laissé de souvenirs… C’est le cas des quatre titres suivants :

  • La goûteuse d’Hitler, de Rosella Pastorino (lu en février) : je fais donc mentir le bandeau d’accroche :-D! C’est vraiment le seul roman dont je n’ai gardé aucun souvenir.
  • The torment of others + The mermaids singing, de Val McDiermid (lu en avril), un double roman en anglais que j’avais dans mes livres en attente depuis 12 ans. Je me souviens seulement que les deux romans font partie d’une série avec deux enquêteurs et qu’ils ne se suivaient pas dans la chronologie des enquêtes.
  • T.Rex, de Douglas Preston (lu en septembre) : je ne me rappelle que du début qui n’était pas très crédible (un canyon immense, désert et difficile d’accès où trois personnes arrivent pourtant à se croiser : un tueur, sa victime et le personnage principal qui passait là par hasard…).

J’avoue ne pas avoir cherché à comprendre d’où venait ce phénomène d’oubli car il se produit au final peu, à hauteur d’un ou deux titres par an habituellement, voir moins, et que ce n’est pas lié au genre puisque je me souviens sans problèmes de romans similaires (Jurassic Park de Michael Crichton, Max de Sarah Cohen-Scali pour le roman historique de la seconde Guerre mondiale ou mes innombrables polars jouant sur les mêmes ressorts que ceux de Val McDiermid). Mais cela pourra faire l’objet d’un prochain article lorsque j’aurai creusé la question!

Voilà pour les livres qui m’ont déçue en 2021. Cela reste au final des déceptions mineures et peu nombreuses par rapport à la quantité de bons, très bons et excellents ouvrages que j’ai pu lire tout au long de l’année! Je ne vais pas tous vous les énumérer car cela serait bien sûr trop long mais je vais vous donner les meilleures séries à suivre, les très bons livres ainsi que mes tops 5 en romans et mangas/BD.

Les séries Livresques a suivre

Les détectives du Yorshire, de Julia Chapman, parue chez La Bête Noire : ma série de cosy mystery favorite a vu son septième tome paraître en novembre 2021. Les héros Samson et Délilah sont très attachants, tout comme les personnages secondaires, les enquêtes et les intrigues principales et secondaires sont toujours aussi bien amenés et si le dernier tome apporte de nombreuses réponses, Julia Chapman réussit le tour de force de relancer la machine avec ses intrigues secondaires qu’elle avait au préalable semées dans ses précédents volumes! Loin de s’essouffler, la série repart donc de plus belle : une pépite à suivre de très près!

Meurtres sur la Madison, de Keith McCafferty, parue chez Gallmeister : Mon premier roman lu chez Gallmeister, et le premier d’une série d’enquêtes réunissant la shériff Martha Ettinger et l’artiste-peintre/pêcheur à la truite/détective Sean Stranahan au fin fonds du Montana. La série comporte à ce jour quatre enquêtes traduites en français sur sept parues aux USA : Meurtres sur la Madison, Les morts de Bear Creek, La Vénus de Botticelli Creek et Le baiser des Crazy Mountains. Ici, pas de suspense haletant, pas d’action mais des enquêtes menées calmement, au gré des flots de la rivière Madison. Les intrigues sont beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît de prime abord

Erectus de Xavier Miller, paru chez XO Editions : j’ai eu l’immense surprise de découvrir en février que ce thriller scientifique sur un virus qui fait régresser l’homo sapiens en homo-erectus avait une suite, Erectus, l’armée de Darwin, et serait même une trilogie! Xavier Muller nous embarque avec une aisance déconcertante dans cette histoire à priori rocambolesque et amène des questionnements profonds. Le second volume voit l’équilibre mis en place à la fin du premier tome menacé et un conflit à priori inévitable se préparer : vous n’imaginez avec quelle impatience j’attends le tome 3!

Les enquêtes de Gabriel Joly, d’Henri Loevensbrück, parues chez XO Editions : cette série réunit Le loup des Cordeliers, Le mystère de la Main Rouge et L’assassin de la rue Voltaire et met en scène Gabriel Joly, un jeune journaliste de province qui monte à Paris au début de la Révolution française. Je n’ai lu que Le loup des Cordeliers pour l’instant et, si on omet la facilité avec laquelle ce personnage rencontre quelques uns des acteurs majeurs de cet épisode historique, tous les autres composants du récit sont très bien dosés et crédibles. J’ai hâte de poursuivre ma découverte de cette série!

Les excellents

Ces romans font partie de mes favoris mais un petit quelque chose manque pour qu’ils basculent dans la crème de la crème!

Les sept morts d’Evelyn Hardcastle, de Stuart Turnton : il m’a fallu un peu de temps pour arriver à entrer dans le récit dont la construction est complexe mais dès que j’ai compris comment il fonctionnait, j’ai été happée et totalement bluffée par l’originalité et la richesse de l’histoire, une sorte de Cluedo infernal difficile à décrire. Le petit moins : la difficulté à entrer dans le récit.

Le jeu de la dame de Walter Tevis : j’avoue, je ne serai jamais allée vers ce roman s’il n’y avait eu une certaine série du même nom sur une certaine plateforme bien connue! La série m’ayant particulièrement plu et le roman étant paru chez Gallmeister à peu près en même temps avec une nouvelle traduction, j’ai voulu comparer et je n’ai pas été déçue : la série est très fidèle au roman qui est d’une qualité exceptionnelle. Le petit moins : aucune différence avec la série.

Les suppliciées du Rhône de Coline Gatel : une très bonne enquête dans le Lyon de la fin des années 1800. Le bandeau d’accroche ne ment pas en parlant des Experts à Lyon : à défaut du matériel de pointe présent dans la série, l’esprit et les modes de réflexion pour résoudre les meurtres de jeunes filles sont bien présents. Le petit moins : j’attends de lire le second volume (Le Labyrinthe des femmes) pour confirmer mon ressenti.

L’île des âmes, de Piergiorgio Pulixi : une enquête prenante dans un décor sicilien intriguant, avec un duo d’enquêtrices originales dont on n’a pas encore tout découvert. Le contraste entre modernité et vieilles traditions apporte une touche de complexité supplémentaire dans un roman déjà bien fourni et bien construit. Le petit moins : une suite serait à paraître, d’où le fait que ce roman soit classé ici pour 2021. Affaire à suivre!

la crème de la crème des romans

Vers l’infini et l’au-delà : Alabama 1963, de Ludovic Manchette et Christian Niemec. La merveille des merveilles, un vrai coup de foudre! J’ai découvert ce roman à l’occasion de la première lecture commune de Ludivine du blog Les lectures du Chatpitre et je ne la remercierai jamais assez pour cela! Le duo d’enquêteurs, le décor, l’enquête et sa conclusion, les personnages secondaires, l’écriture des auteurs, tout est parfait dans ce roman haletant qui se dévore d’une traite. Pour ne rien enlever à ses qualités, les deux auteurs sont très abordables et d’une très grande gentillesse. J’ai hâte de découvrir leur prochain roman Americas qui doit paraître en mars 2022!

L’exosphère : Mamie Luger de Benoît Philippon. Lu sur les recommandations de ma belle-sœur, j’ai été happée par l’écriture déjantée de Benoît Philippon et le personnage de Berthe, la Mamie Luger du titre, à la fois attachante, grande gueule, féministe avant l’heure, indépendante à des époques où les femmes ne faisaient pas ce qu’elles voulaient, fragile mais forte en même temps bref une sacrée bonne femme! Le récit de sa vie mouvementée amène de nombreux questionnements sur le sens de la justice, les choix de vie, la tolérance mais sans que cela soit moralisateur ou culpabilisant. Une pépite absolue à découvrir d’urgence si ce n’est pas déjà fait!

La stratosphère : la découverte des romans de Jane Austen. Les éditions Hauteville ont fait paraître de très belles éditions des romans de Jane Austen, autrice que je n’avais jamais lu et j’avais vu d’autre part l’adaptation de « Raisons et sentiments » par Ang Lee qui m’avait beaucoup plu. Ces deux éléments réunis m’ont poussé à me procurer les livres, décision que je n’ai absolument pas regrettée! La plume de Jane Austen, autrice anglaise du 19ème siècle, est restée moderne, avec des personnages féminins forts et relativement indépendants compte-tenu de l’époque à laquelle ils évoluent. Les touches d’ironie sont omniprésentes dans ses récits ce qui en rend la lecture encore plus agréable pour moi. Orgueil et préjugés et Northanger Abbey sont mes deux romans préférés, suivis de près par Raisons et Sentiments. Je n’ai en revanche pas aimé Mansfield Park, l’héroïne n’ayant pas su me séduire.

Le top mangas et bd

Je veux manger ton pancréas, de Yoru Sumino : un magnifique manga en deux volumes que j’ai découvert dans le cadre du prix Mangawa 2021. Peut-être l’une des plus belles histoires qu’il m’ait été donné de lire à ce jour. Il y est question de maladie, d’amour et de mort, le tout décrit avec subtilité et retenue et illustré avec finesse. Une merveille à lire avec un mouchoir à portée de mains!

Le prix du reste de ma vie de Sugaru Miaki : une autre pépite sélectionnée dans le prix Mangawa 2021, en trois volumes. Moins triste que Je veux manger ton pancréas, il pose la question essentielle du sens à donner à la vie et de ce qui compte vraiment. Une magnifique ode à l’amour et à la vie qui m’a bouleversée jusqu’au plus profond de mon être!

Pil de Mari Yamazaki : je suis fan du travail de la mangaka Mari Yamazaki dont j’ai toutes les séries de mangas mais je n’avais encore jamais lu ce one-shot que j’ai trouvé en médiathèque. Sa lecture a été un vrai régal, le personnage de Pil étant très indépendant, mature et réaliste mais en même temps impulsive et totalement à part des standards de son époque avec sa passion pour le punk anglais dans le Japon fermé des années 1980! A découvrir d’urgence!

Le labo d’Hervé Bourhis et Lucas Varela : une excellente BD sur la découverte de l’ordinateur et des possibilités de l’informatique dans les années 1970 en France. Le dessin est superbe et l’histoire prenante, avec une fin parfaite! Foncez le lire si ce n’est pas déjà fait!

Et voilà pour ce bilan 2021! Rendez-vous en 2023 pour le bilan de cette année qui commence tout juste!