« L’île du Diable », de Nicolas Beuglet (série Sarah Geringën, tome 3)

Présentation de l’œuvre

Titre : L’île du Diable

Auteur : Nicolas Beuglet

Éditeur : Pocket

Parution : 3 septembre 2020

Statut : Troisième tome de la trilogie construite autour de l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën après Le cri et Complot.

EAN/ISBN : 9782266307598

Résumé : Le corps recouvert d’une étrange poudre blanche, des extrémités gangrenées et un visage figé dans un rictus de douleur… En observant le cadavre de son père, Sarah Geringën est saisie d’épouvante. Et quand le médecin légiste lui tend la clé retrouvée au fond de son estomac, l’effroi la paralyse. Et si son père n’était pas l’homme qu’il prétendait être ? Des forêts obscures de Norvège aux plaines glaciales de Sibérie, l’ex-inspectrice des forces spéciales s’apprête à affronter un secret de famille terrifiant. Que découvrira-t-elle dans ce vieux manoir perdu dans les bois ? Osera-t-elle se rendre jusqu’à l’île du Diable ?

Qu’est-ce qui t’a amenée à lire L’île du diable?

Tout est parti de ma découverte du premier volet de la trilogie, Le Cri, que j’ai lu en octobre 2021, avant de me lancer sur Bookstagram et de commencer ce blog. Cette lecture a été un tel plaisir que j’avais décidé de lire les autres tomes. Il se trouve que quelques jours après avoir créé mon compte sur Instagram, j’ai discuté avec Aurélie qui avait elle aussi lu Le Cri, avait adoré et voulait enchaîner avec la suite! Nous nous sommes donc lancées toutes les deux dans un premier temps, et nous avions prévu la lecture de Complot, le volume 2, en décembre 2021. Quelques comptes se sont ajoutés aux nôtres et la lecture a été grandement appréciée, au point que j’ai lancé l’idée de lire L’île du diable en janvier 2022, pour boucler la trilogie. Et voilà!

Petit aperçu de la saga Sarah Geringën

Comme vous l’avez lu plus haut, j’ai déjà lu Le cri et Complot sur 2021. Comme je n’ai commencé ce blog qu’en 2022, je ne pense pas les chroniquer en détail ici donc je vous propose un petit retour sur ces deux premiers opus magistraux.

Le cri nous met en présence de l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën qui enquête sur le décès suspect du patient 488 d’un hôpital psychiatrique, figé dans la mort avec un cri de peur primale aux lèvres. S’ensuit un compte à rebours haletant durant lequel Sarah va découvrir la vérité sur la vie après la mort.

Complot ne prend pas la suite directe de l’intrigue du Cri. On retrouve Sarah, installée en Norvège avec Christopher et son fils Simon, qu’elle a rencontrés lors de l’enquête précédente. Elle est appelée sur une scène de crime particulière, un archipel isolé au nord de la Norvège où le corps de la victime, qui n’est autre que la Première ministre du pays, présente des blessures symboliques mystérieuses. Sarah pressent que ce meurtre n’est que le premier d’une série mais elle est systématiquement devancée dans son enquête, comme si quelqu’un lisait dans ses pensées. Le complot qu’elle mettra à jour lui coûtera cher…

Que vous lisiez Le Cri ou Complot, vous en prendrez plein les yeux : ces deux romans sont de vrais page-turners. Les intrigues sont extrêmement bien construites et profondes, avec pour les mener deux personnages qui se complètent bien. Sarah est une inspectrice accomplie, ancienne membre des forces spéciales, belle, distante, professionnelle et parfois glaçante et glaciale dans sa façon d’être. Cet aspect de sa personnalité est atténué par la présence de Christopher, journaliste français beaucoup plus humain et spontané. Ces deux héros se rencontrent et leur couple fonctionne, ce qui rend Sarah plus attachante.

Au niveau des intrigues, les deux sont excellentes mais celle de Complot m’a particulièrement assommée car basée sur des recherches précises et fouillées de l’auteur qui nous fournit sa documentation en fin d’ouvrage. Il y a donc une part de réalité indéniable qui rend cette lecture encore plus marquante et donne envie de se renseigner davantage sur les proportions réelles du complot révélé par Sarah. Je n’en révèle pas plus ici car je devrais alors vous dévoiler le cœur de l’intrigue mais sachez que de l’archéogénétique entre dans la composition du récit.

Pour résumer, j’ai plus qu’adoré Le Cri et Complot : j’ai été happée, fascinée, époustouflée! Le très haut niveau d’excellence du Cri a été encore élevé de plusieurs crans avec Complot pour le plus grand bonheur de la lectrice avide de polars que je suis. J’ai donc inscrit Nicolas Beuglet dans mon Panthéon des auteurs français à suivre, au même titre que Bernard Minier, Jean-Christophe Grangé et Henri Loevensbruck (découverte récente lui aussi mais j’y reviendrai plus tard).

Mon avis sur l’île du diable

Après ces deux excellents premiers tomes et surtout Complot qui a été une claque phénoménale, l’attente était donc importante concernant L’île du Diable. Et force est de constater que malheureusement, le compte n’y est pas.

Pour commencer, même si on dit toujours que la quantité ne fait pas la qualité, L’île du Diable dépasse à peine les 300 pages quand les deux autres tomes en font plus de 550. On est donc clairement sur une histoire qui sera moins développée ou à défaut, plus intense et ramassée. J’ai ressenti de plus une certaine gêne chez l’auteur, comme s’il ne savait pas trop quoi faire de Sarah Geringën après Complot, ce qui est tout à fait normal au vu de la densité de ce roman et du précédent. Pour ne rien vous cacher, j’ai déjà plus ou moins oublié ce qu’il se passe dans le troisième opus, que je mélange dans mon esprit avec le deuxième. Comment expliquer ce phénomène d’oubli et de confusion? Si je devais émettre des hypothèses, je dirais que trois éléments sont en cause.

Le premier est la densité scénaristique des deux premiers tomes. Le Cri est mené tambour battant, les actions s’enchaînent, on n’a pas le temps de se remettre de la chute d’une péripétie qu’une nouvelle prend la suite, et ce jusqu’à la fin du roman, sans temps mort. On retrouve ce rythme haletant dans Complot avec en supplément une densité d’informations technico-scientifiques liées au complot déjoué par Sarah. L’ensemble fait que notre cerveau fonctionne à plein régime pour analyser les données transmises, nous laissant totalement abasourdis au moment de la révélation finale car oui, notre cerveau a fait le cheminement mais n’a pas vu la conclusion arriver et elle est à la fois évidente et choquante. Or, l’intrigue de L’île du diable est en comparaison très classique et souffre donc d’arriver à la fin de la trilogie. Le rythme qui était fluide et rapide dans les deux premiers tomes est ici cassé par des scènes qui semblent posées un peu au hasard, sans lien entre elles. C’est comme si l’auteur avait commencé un puzzle, assemblé le contour et les éléments du centre mais renoncé à relier le tout par manque d’envie ou de temps. On distingue donc le schéma de l’histoire mais il nous manque les détails de liaison qui assurent le rendu définitif. Le potentiel de ce roman m’est ainsi apparu comme un peu gâché.

Le deuxième élément est lié à l’intrigue dont les origines, la mise en place et la résolution manquent à mes yeux de crédibilité et de réalisme. Elle porte de plus des questionnements éthiques et moraux qui sont évacués un peu rapidement à mon goût. Les enfants peuvent-ils/doivent-ils être rendus responsables des actions de leurs parents et grands-parents? Peut-on excuser certains actes lorsqu’ils sont commis en vue d’assurer la survie d’un groupe? La vengeance permet-elle l’expiation des crimes commis? La gravité des crimes commis peut-elle excuser n’importe quel acte de vengeance? Où s’arrête l’escalade dans la vengeance? La haine peut-elle survivre à la mort? Le méchant de l’histoire, son discours, ce qu’il a mis en place sur l’île du Diable, tout est à mes yeux très discutable et pas forcément excusable. Le fait que tous ces points ne soient pas vraiment débattus renforce encore plus mon sentiment de gâchis de potentiel.

Enfin, le troisième élément qui, selon moi, peut expliquer mon « désamour » concerne les personnages, principaux comme secondaires. L’intrigue est organisée autour du père de Sarah, sur lequel l’accent n’a pas été spécifiquement mis dans les volumes précédents, la famille de Sarah étant juste une ombre en arrière-plan, utile pour gérer Simon (le fils adoptif de Christopher) et sans histoire. Que ce personnage transparent meure dans des conditions plus qu’horribles pour expier un « crime » dicté par des circonstances extérieures sur lesquelles ni lui ni personne n’avait de prise à l’époque est assez tiré par les cheveux pour moi, d’autant que le ressort a déjà été utilisé dans la trilogie (mini spoil, je m’arrête là!). Il se trouve aussi que même s’il constitue le nœud de l’intrigue, le focus n’est pas mis sur le père de Sarah ce qui a eu pour effet sur moi de le laisser sans consistance. Je m’explique. Tout ce qui lui arrive dans son enfance est raconté à travers les yeux de tierces personnes qui ne l’ont pas connu ou pas compris : sa fille, le méchant, sa femme. De plus, ces intervenants l’évoquent très vite, surtout sa femme et ce malgré plusieurs années de vie commune. J’ai donc eu l’impression tout au long du roman qu’on s’efforçait de faire vivre un bonhomme en papier, littéralement. Pour couronner le tout, on apprend finalement très peu de choses sur la vie qu’il a eue, ce qui a maintenu chez moi cette sensation de personnage creux auquel l’auteur colle des actions parce que cela aide à faire avancer l’intrigue.

L’autre élément qui n’aide pas à donner corps à ce personnage, c’est… sa fille Sarah, l’héroïne de la trilogie. Elle est monolithique, froide, inhumaine : rien ne l’atteint, rien ne peut la vaincre. Ce côté invincible était déjà flagrant dans les autres volumes mais la présence de Christopher, plus vulnérable et spontané, rejaillissait sur elle et la rendait moins effrayante. Christopher étant beaucoup moins visible dans L’île du Diable, son côté « wonderwoman invincible » ressort. Trop. On dirait un robot! Elle survit tout de même aux évènements traumatisants de trois romans sans séquelles psychologiques ou physiques et elle analyse cliniquement l’assassinat de son père, tué au moment de sa sortie de prison, comme si c’était un meurtre classique. La fin du roman n’aide pas à la considérer comme humaine… peut-être ne l’est-elle pas vraiment ou a-t-elle une dimension légèrement sociopathe qui m’a échappé?

Conclusion – Le livre de trop

L’île du diable souffre clairement d’être passé après les deux monuments de suspense et de complexité scénaristique que sont Le Cri et Complot. J’ai ressenti une gêne chez l’auteur, comme s’il ne savait pas trop quoi faire d’une héroïne dont il avait fait le tour ni comment finir cette histoire. Il est d’ailleurs ensuite passé à une nouvelle série avec une autre inspectrice, Grace Campbell, dans Le dernier message.

Comme pour Matrix que je considère comme un one-shot (les 2, 3 et 4 n’existent pas dans ma matrice), cela ne me dérange pas d’envisager la saga Sarah Geringën comme une duologie. Certes, l’inspectrice est en mauvaise posture à la fin de Complot mais toutes les histoires n’ont pas à finir bien, même si cela aurait provoqué une attente phénoménale qu’il aurait été encore plus difficile de combler. J’ai donc parfaitement conscience que la conclusion de cette trilogie était de toute façon compliquée à trouver.

Au final, même si L’île du Diable est une déception pour moi, il n’enlève rien à la qualité des deux premiers opus de la série et au talent de Nicolas Beuglet dont j’ai bien l’intention de continuer à lire les romans!

« Une saison à la petite boulangerie », de Jenny Colgan (La petite boulangerie tome 2)

Présentation de l’œuvre

Titre : Une saison à la petite boulangerie

Autrice : Jenny Colgan

Édition : Pocket

Parution : 6 avril 2017

Statut : Deuxième volet d’une trilogie organisée autour du personnage de Polly Waterford, une jeune citadine qui décide de s’exiler sur une île isolée et découvre que sa passion pour le pain peut devenir son mode de vie. Le premier tome est intitulé La petite boulangerie du bout du monde et le troisième Noël à la petite boulangerie.

EAN/ISBN : 9782266273145

Résumé : Polly Waterford coule des jours heureux sur la paisible île de Mount Polbearne. Sa petite boulangerie connaît un franc succès : les habitants du village continuent de s’y presser et un journal régional souhaite même la sélectionner dans son prochain guide ! Polly est aussi comblée par son histoire d’amour avec Huckle, le séduisant Américain qui a su conquérir son cœur. Les deux amoureux se sont installés ensemble dans le grand phare qui domine l’océan. Malheureusement, lorsque le nouveau propriétaire de la boulangerie de Polly débarque sur l’île avec une lueur malicieuse au fond des yeux, celle-ci réalise soudain que son bonheur est bien fragile. Et le départ précipité de Huckle pour les États-Unis ne l’aide guère à envisager l’avenir avec sérénité. Face à cette nouvelle tempête qui se prépare, Polly va devoir se battre pour ne pas laisser sa vie prendre l’eau. Réussira-t-elle à surmonter les obstacles qui se dressent sur sa route ?

Qu’est-ce qui t’a amenée à lire Une saison à la petite boulangerie?

En étant parfaitement honnête, je dois bien avouer que les romans feel-good comme celui de Jenny Colgan ne sont pas ma tasse de thé. D’une manière générale, je n’aime pas les histoires trop lisses, trop romancées, trop « tout le monde est gentil ». J’ai besoin qu’un récit me tienne en haleine, qu’il y ait de vrais rebondissements, de l’action, du réalisme bref beaucoup de choses qui ne figurent pas toujours dans les feel-good. Cependant, un ensemble d’éléments ont fait qu’Une saison à la petite boulangerie a croisé ma route et que la cohabitation s’est plutôt bien passée.

Pour commencer, je ne déteste pas foncièrement les romances : tout dépend de la façon dont elles sont écrites et des héroïnes. Quand j’étais adolescente, j’empruntais à la bibliothèque municipale de mon village les romans d’Alexandra Ripley dont certains m’ont laissé une impression si forte qu’une fois adulte, je me les suis procuré (Scarlett, Pour tout l’or du Sud). C’est le cas également pour Les oiseaux se cachent pour mourir de Colleen McCullough et Dans un grand vent de fleurs de Janine Montupet. Tous ont en commun d’avoir des personnages féminins très forts et indépendants. Plus tard, j’ai découvert Katarina Bivald et sa Bibliothèque des cœurs cabossés, dont je ne me rappelle plus très bien mais que je garde précieusement car je sais que je l’ai aimé. Enfin, j’ai encore en attente de lecture les deux premiers Bridget Jones qui ont survécu à plusieurs déménagements et à mon énorme tri de livres de 2019 parce que j’ai bien aimé les films et que je veux arriver à lire les romans.

A ce contexte général se sont ajoutés mon humeur et mes objectifs du moment. J’ai en effet décidé en 2022 d’ouvrir davantage mes horizons littéraires en sortant de ma zone de confort polars/thrillers et d’explorer de nouveaux genres. Je voulais aussi savoir à quel endroit exactement placer mon curseur de goût pour les romans feel-good dont j’ai finalement lu très peu d’exemples jusqu’au bout. J’ai ainsi abandonné Demain est un autre jour de Lori Nelson Spielman ainsi que La charmante librairie des jours heureux, de Jenny Colgan (!) dont j’ai même possédé à une époque La petite boulangerie du bout du monde (le tome 1 de la présente lecture donc, oui, oui!) que je n’ai jamais ouvert et qui a été évacué sans pitié lors de mon tri de 2019.

Enfin, ce qui a fini de me décider était que ce roman était proposé en lecture commune par ma copine Ludivine du blog Les lectures du chatpitre et qu’il était disponible à ma médiathèque! L’avantage d’une lecture commune est que la présence du groupe peut nous aider à dépasser un blocage et ainsi finir un livre. Cela a été particulièrement vrai pour la LC précédente de Ludivine, le recueil 13 à table 2021 pour lequel tous les membres du groupe de lecture ont été déçues tant il était sombre et en décalage avec la thématique annoncée. Ludivine a donc proposé Une saison à la petite boulangerie pour contrebalancer ce mauvais ressenti car elle l’avait dans ses livres en attente, qu’il était facile de se le procurer et qu’il s’agissait d’une lecture légère!

Mon avis sur Une saison à la petite boulangerie

Honnêtement, c’était une lecture sympathique mais sans plus. Elle a pu profiter d’une certaine indulgence de ma part et d’un moment (très court) en janvier 2022 où mon humeur correspondait à ce type de roman. Je suis contente de l’avoir lu mais ce n’est clairement pas un coup de coeur! Suivez-moi, je vous explique.

Pour commencer, j’ai trouvé le roman long. Très long. Avec 483 pages, on commence à avoir un joli pavé livresque! Le problème est que sur ces presque 500 pages, on pouvait facilement en évacuer la moitié sans que le récit ne perde en cohérence. De nombreuses scènes n’ont pas d’utilité particulière, notamment toute la partie sur le revers de fortune des amis de Polly et Huckle. L’essentiel de l’action et du suspense se situent dans la seconde partie du roman, aux environs des 150è-200è pages. Il faut donc tenir jusque-là, d’où l’intérêt de la LC : celles qui comme moi étaient dubitatives ont été motivées par les autres membres du groupe! J’ai ainsi pu aller au-delà du début peu intéressant (pour moi) du livre et enfin entrer dans l’histoire. Je ne peux cependant que constater avoir lu d’autres romans bien plus courts mais beaucoup plus attrayants et captivants.

Le style de Jenny Colgan permet heureusement une lecture fluide. Elle écrit bien, sans que cela ne soit non plus phénoménal. Si je me suis ennuyée, c’est plus par manque d’action dans le récit : il se passe finalement peu de choses dans cette Saison à la petite boulangerie. En substance, tout va bien pour Polly au début du roman puis il se passe quelque chose qui fait que toute sa vie déraille et au final, tout s’arrange et redevient comme avant. On voit arriver les péripéties à des kilomètres, certaines sont exagérées pour leur donner une importance que même les personnages ne leur accorde pas (la perte de fortune des amis de Polly par exemple) et on sait d’avance que tout va finir par s’arranger.

Mais comment peut-on le savoir me direz-vous? Tout simplement parce que tout dans ce roman transpire la gentillesse et les bons sentiments, à l’exception bien sûr du méchant fils de la propriétaire, idiot, cupide, vindicatif et macho (oui, oui, tout ça en même temps!) et, dans une moindre mesure, de Dubose, le petit frère d’Huckle, volage et irresponsable. Au passage, vous relèverez l’originalité des prénoms donnés par l’autrice à ses personnages! Il y en a plein d’autres mais j’avoue les avoir déjà oubliés. Les ficelles du scénario sont énormes et prévisibles, des situations pourtant complexes ou présentées comme telles sont résolues en un claquement de doigts et d’autres sont tout simplement invraisemblables ou inutiles. Ainsi, on ne voit pas trop ce que vient faire à Polbearne la veuve de celui qui était l’amant de Polly dans le premier roman. Le méchant fils de la propriétaire finit par laisser la boulangerie à Polly après une histoire totalement invraisemblable de détournement d’argent pour l’achat d’une trompette et Flora, l’aide pâtissière de Polly au physique ingrat, se transforme en bombe lors d’une soirée sans que l’on sache trop comment cela est possible!

Le décor et les personnages sont également très caricaturaux, avec le joli petit village de carte postale sur la petite île isolée, Polly la gentille boulangère que tout le monde aime, Huckle le beau géant Américain généreux, son frère cadet volage et irresponsable, le méchant idiot et vindicatif, le riche couple d’amis flambeurs qui finit par perdre sa fortune, et j’en passe. J’ai trouvé Polly agaçante dans l’ensemble, à s’inquiéter puis à se plaindre et à subir sans rien dire les brimades du fils de la nouvelle propriétaire de la boulangerie. Huckle est très américain, à repartir dans son pays tel un chevalier servant pour à la fois aider sa belle-sœur enceinte tout en gagnant l’argent qui leur permettra à lui et Polly d’entretenir correctement leur phare. Le seul « personnage » que j’ai vraiment trouvé attachant est Neil le macareux, d’où la présence d’une peluche de macareux sur ma photo, souvenir de mon voyage en Islande :-)! Ce petit animal têtu est adopté par Polly et Huckle malgré le fait qu’il ne soit pas « domesticable » d’après le vétérinaire du village. C’est clairement par lui que passe le peu d’émotions que ce roman a pu me procurer et il est également l’auteur de la seule action réelle dans les 150-200 premières pages ennuyeuses que j’ai mentionnées plus haut.

Pour résumer mon ressenti, Une saison à la petite boulangerie est un feel good basique et caricatural, plutôt bien écrit même s’il y a des longueurs. Il m’a convenu au moment où je le lisais car je recherchais une lecture légère, sans prise de tête. Cependant, il ne me laissera pas un souvenir impérissable et je ne pense pas que ce soit le meilleure exemple de feel good qui existe. D’après les chroniques et commentaires que j’ai pu lire en préparant cet article, il semblerait même que le tome 1 de la saga soit nettement meilleur. Je vous laisse donc vous faire votre propre opinion et m’indiquer en commentaires ce que vous pensez de cette saga car je n’en lirai pas d’autres volumes!